Ils sont nombreux les citoyens béninois à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : il faut faire venir le changement en France. Pour eux, l’arrivée du changement passe par l’élection du candidat socialiste, François Hollande.
(De notre correspondant)
Lundi matin au ministère béninois de l’Environnement, Imorou Ouro Djiri, un cadre était tout heureux pendant qu’il raccompagnait au portail un de ses vieux amis. Il avait certes parlé de sujets privés avec son ami, mais la présidentielle française était aussi au menu de leur discussion. Aussitôt la question posée, il répond : « Mon choix est clair. C’est Hollande. Je le préfère à Sarkozy. J’ai vu la politique de ce dernier en France, à l’international et particulièrement en Afrique. Je pense que Hollande ferait mieux que lui si les électeurs français lui font confiance ». Imorou Ouro Djiri ne s’est pas fait prier avant de vider son sac.
Et tout comme lui, Amissétou Affo Djobo, ancienne députée béninoise s’attaque au bilan de Nicolas Sarkozy en Afrique durant son quinquennat. « Voyez la politique française en Libye, en Tunisie et j’en oublie ». L’ex parlementaire soutient fortement le candidat socialiste français qui lui rappelle de bons souvenirs de François Mitterrand. « Il y a vingt-deux ans pratiquement que le vent de la démocratie a commencé par souffler sur l’Afrique et ceci avec la bénédiction du président français de l’époque, le socialiste François Mitterrand. Mais depuis que ce monsieur a laissé le pouvoir, regardez le désordre qui a cours chez nous en Afrique. Notre démocratie étant jeune, l’accompagnement dont elle a besoin ne suit pas avec ces présidents qui ont succédé à Mitterrand ». Elle déplore, le dernier putsch intervenu au Mali, un pays qu’on citait parmi les modèles de démocratie en Afrique, il y a encore quelques mois.
Du bémol
D’autres Béninois plus modérés et connaissant bien la mentalité française recommandent aux Africains la prudence. Grégoire Ahomadégbé est un Béninois vivant en Italie. Il n’aime pas Sarkozy pour « sa brutalité et son arrogance », dit-il. Néanmoins, il note : « Aucun des deux candidats ne pourra faire la politique africaine telle qu’on l’entend ». Pour lui, François Hollande qu’il préfère actuellement à Nicolas Sarkozy décevra aussi les attentes dès qu’il sera à l’Elysée. Cependant, il réaffirme son attachement aux idéaux du Parti socialiste français qu’il sait capable de diriger un pays comme la France.
Tout se jouera dans les urnes le 6 mai, date du second tour de la présidentielle française. Mais avant cette date fatidique, les deux candidats qualifiés disposent de moins de quinze jours pour convaincre les Français et notamment l’électorat du Front national (FN) qui a fait un score historique de 19% des suffrages exprimés.
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