Théodore Dakpogan est un artiste béninois qui vit à Adjarra, une ville au nord de Porto-Novo. Issue d’une famille de forgeron, il débute dans l’art sur le tas, inspiré par des coopérants français et par le succès qu’il rencontre à ses débuts. Il manie avec toujours autant de plaisir le métal qui participe à son identité et fait de lui l’un des artistes du continent qui font de l’art contemporain africain une réalité.
Théodore Dakpogan, artiste béninois de 59 ans, habite une maison de la ville d’Adjarra, au nord de Porto-Novo, la capitale du Bénin. Il est fier d’expliquer que sa maison, il l’a achetée grâce aux œuvres qu’il a vendues. Aujourd’hui en retrait de ce monde de l’art béninois qu’il critique, il est l’une des figures artistiques de son pays.
Il a exposé ses sculptures en métal recyclé à de nombreux endroits. Le succès qu’il a rencontré lui a permis d’effectuer de nombreux voyages en Afrique mais aussi en Europe, depuis le début des années 1990. Il a montré ses œuvres d’abord dans sa ville de Porto-Novo, mais aussi à Brazzaville, Dakar, Lomé ou encore Paris, Barcelone et Londres.
« Les artistes béninois doivent s’accomplir au dehors »
« L’art contemporain n’est pas mis en valeur au Bénin », déplore-t-il en comparant par rapport aux autres pays visités, notamment le Sénégal.
Un artiste ne peut s’accomplir dans son art au Bénin, selon Théodore. Il doit nécessairement s’expatrier pour pouvoir rencontrer des critiques constructives qui lui permettront d’avancer, indique-t-il. « Mais est-ce qu’ils connaissent la valeur de l’art ? », s’interroge-t-il, au sujet des personnes qui s’occupent de la culture et de l’art dans son pays.
« Les musées seraient visités par les Béninois »
« S’ils avaient une vrai connaissance de l’art, je crois que les musées qui sont installés dans tout le pays seraient visités par les Béninois. Il n’y a pas beaucoup de Béninois qui vont visiter les musées », justifie-t-il. L’art est considéré comme un business dans son pays et ce sont les plus gros vendeurs et les plus connus à l’étranger qui occupent le haut du pavé.
Issue d’une famille de forgeron, Théodore Dakpogan débute le travail du fer dès le plus jeune âge. Il confectionne alors des objets de cuisine ou de cérémonies. Ce sont des membres de la coopération française qui lui donneront l’idée de commencer à faire des statues et autres figurines, très apprécié des touristes.
Les débuts de sa vie d’artiste, il les passe aux côtés de son jeune frère, Calixte Dakpogan, avec qui il travaille et effectue ses premières expositions.
Développer l’art contemporain au Bénin
« Quand tu fais quelque chose qui n’est pas consommée chez toi, ça t’intéresse toujours de bouger. Avec mon frère, on a chacun bougé », explique-t-il. Ils ont commencé par exposer en France dans le cadre du festival sur le Bénin à Paris, appelé Ouidah 92. Ils sont aussi allés à Lille pour une braderie de l’art et dans d’autres pays.
Il s’est séparé de son frère depuis une dizaine d’années quand il a décidé de faire évoluer les matériaux utilisés pour ses œuvres, passant de l’utilisation de la tôle rouillé de récupération au métal émaillé. Théodore Dakpogan s’occupe actuellement d’un projet d’aménagement de places publiques à Porto-Novo, en collaboration avec d’autres artistes béninois. Il cherche aujourd’hui à développer son art et l’art contemporain dans son pays, en dehors des sentiers battus et des contraintes liées à sa condition d’artiste au Bénin.