Les Bantous de la capitale sont une référence de la musique congolaise. Né de la rencontre, à Brazzaville, de plusieurs amis amoureux fous de la mélodie et du rythme, le groupe célèbre cette année ses cinquante ans. Ses rumbas font aujourd’hui encore le bonheur des mélomanes. Il fêtera son anniversaire dans la prestigieuse salle de l’Olympia, à Paris, le dimanche 12 avril.
L’histoire des Bantous de la capitale, cet orchestre mythique de Brazzaville, ressemble à Bâ dia nséké – un arbre monocotylédone qui est aussi une chanson imagée du même groupe. On a beau le couper, arracher ses racines, il repoussera. Combien de fois les Essous, Nganga, Kouka et autres ne se sont-ils pas dispersés? Combien de fois les mêmes ne se sont-ils pas retrouvés? Les Bantous sont leur histoire commune; un monument qu’ils ont élevé. Chacun à sa manière y a apporté sa pierre. Et, aujourd’hui, ce monument affiche 50 ans. Un demi-siècle d’amour de l’instrument et de la mélodie! De la rumba congolaise. Mais leur genre n’est pas limité. En effet, aux rythmes traditionnels congolais, ils ont adjoint des ryhtmes venus d’ailleurs, entre autres la salsa afro-cubaine, le yéké-yéké, le coupé-décalé, le cha-cha-cha, le patchanga, etc, persuadés que seule la confusion procure l’amour. Le vrai amour. Il suffit d’écouter les Masuwa, Mama na mwana, Congo na biso, Fidélité, Amen Maria, etc, pour s’en convaincre. Des oeuvres d’une profondeur gracieuse; des oeuvres devenues intemporelles tant elles font vibrer les coeurs de 7 à 77 ans; des oeuvres d’une allure polie et qui ne distraient nullement la méditation; des œuvres à mille lieues de la cacophonie aphone actuelle.
Une musique éternelle
Un timbre, une voix, une poésie a rejoint les limbes, en la personne de Pamelo Mounka. Une sommité de l’instrument est aussi partie, en l’occurrence Gerry Gérard. Et Dieu sait combien les Bantous pensent à eux, sans le moindre soupçon d’être faits d’une matière moins durable que le temps. Mais les Bantous sont avant tout une famille qui continuera de fleurir; une chaîne d’union dont les maillons, d’un bout à l’autre, sont reliés par une consanguinité culturelle, du moins artistique. Ils enflammeront toujours les salles, et n’allez pas leur dire qu’ils ont pris des rides. Non, ils ne l’accepteront pas. Ils ont épousé ce bel aphorisme de Jules Romains: « La jeunesse, c’est le temps que l’on a devant soi. »
À vrai dire, l’anniversaire n’aura lieu que dans quelques mois. Les Bantous furent créés le 15 Août 1959 à Brazzaville, lors d’un concert Chez Faignond, par Essous, Nganga, Pandy, Loubelo, Boroza, Evongo; Malapet ne les a rejoints qu’en 1961. Mais d’ores et déjà la fête commence. Et c’est dans cette perspective qu’ils feront escale le 12 avril prochain à L’Olympia, un autre mythe. Nul doute que ce sera un moment hautement historique et symbolique, dans cette salle où tant de virtuoses se sont succédé. Comment réagiront les Bantous? Une chose est sûre, ce soir-là, les larmes de bonheur défileront sur les joues des uns et des autres. Bonne fête et bon vent !