Les Bakassi Boys font régner l’ordre à Onitsha


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Drapeau du Nigeria
Drapeau du Nigeria

C’est dans l’une des villes considérées hier comme les plus violentes et les moins sûres du sud du Nigeria, Onitsha, que les Bakassi Boys semblent avoir fait preuve d’une efficacité magistrale : appelés en renfort par le gouverneur local, après s’être entraînées en 1999 dans l’état d’Abia, sous la conduite du gouverneur local, Uzor Orji Kalu, ces jeunes milices musclées ont à nouveau pris avec succès la relève d’une police locale jugée trop timorée…

Certes, les méthodes utilisées sont un peu inquiétantes : arrestations immédiates et arbitraires de suspects, interrogatoires poussés suivis, le plus souvent, d’une disparition rapide et mal explicable… Rapportés par  » The Economist « , des déclarations de prêtres catholiques nigérians ne laissent guère place au doute… Les Bakassi Boys n’y vont pas par quatre chemin pour pourfendre le crime, et l’épée qu’ils dressent contre les supposés criminels, une machette le plus souvent, est le moyen expéditif de raccourcir les procédures judiciaires.

Malgré les témoignages concordants de témoins dignes de foi, les Bakassi Boys nient évidemment leur implication dans ces exécutions sommaires : ils sont en effet payés par le gouverneur de l’état d’Anambra, Chinwoke Mbadinuju, ils conduisent les véhicules de police qu’il leur a fournis, et leurs armes viennent des entrepôts de l’Etat…

Arrivés il y a un an à Onitsha, les Bakassi Boys ont fait merveille : des dizaines d’exécutions, et une sérieuse diminution de l’insécurité au quotidien. Mais il ne fait pas bon être suspect… Et les habitants de l’état, qui les avaient accueillis avec soulagement, commencent à s’en mordrent les doigts, tant ils prennent leur rôle à coeur, au service du gouverneur, allant jusqu’à contrôler les opinions, l’expression politique, le règlement des créanciers… Voire l’infidélité conjugale.

D’où une légitime interrogation : les brigades de vigiles ne sont-elles pas en train de se transformer en véritables armées privées, à la solde des gouverneurs, nouveaux féodaux ?

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