La Tribu Ka est un mouvement officiellement dissout en France depuis ce mercredi. La décision prise par le conseil des ministres veut mettre un point final aux débordements d’un mouvement raciste et extrémiste, né en 2004, qui s’est particulièrement illustré, en mai dernier, en tenant des propos antisémites dans le quartier juif de Paris.
La Tribu Ka, groupuscule extrémiste noir raciste, a été dissout en France, ce mercredi, sur décision du conseil des ministres qui s’est tenu ce jour. La procédure contre le mouvement avait été lancée à la suite des incidents qui se sont déroulés le 28 mai dernier, rue des Rosiers, au cœur du quartier juif de Paris dans le IVe arrondissement. Le courrier adressé, le 3 juillet 2006, par le ministère de l’Intérieur au leader et fondateur de la Tribu Ka, Kémi Séba, lui annonçant l’intention des autorités françaises de dissoudre son mouvement, en fait mention. Une vingtaine de membres de la Tribu se seraient lancés, en proférant des insultes antisémites, sur les traces des membres de la Ligue de défense juive et du Bétar, deux groupes extrémistes juifs, qu’ils accusaient d’avoir « ratonné des Noirs » durant la manifestation du 19 février 2006 en mémoire d’Ilan Halimi. Cette dernière avait dégénéré et des violences avaient été perpétrées contre des individus d’origine africaine, noirs ou maghrébins.
« On marche dessus, on n’en tiendra pas compte »
Réagissant à cette décision, le Fara de la Tribu Ka, joint par téléphone par l’AFP a rétorqué : « On marche dessus, on n’en tiendra pas compte ». Kémi Séba réitère ainsi les propos tenus devant la presse, le 6 juillet dernier, où il démentait également les insultes proférées par ses militants. « Non seulement, en aucun cas, nous ne tiendrons compte de cet avis, mais nous annonçons une montée en puissance de nos actions (…) Nicolas Sarkozy veut dissoudre la Tribu Ka, tout comme depuis cinq siècles, on essaye de dissoudre un peuple (…) », avait-il alors affirmé. La Tribu Ka a été créée en 2004. Elle revendique notamment la suprématie des « kémites (noirs dans la dialectique esclavagiste) », pouvait-on lire sur son site. Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert, a été mis en examen pour incitation à la haine raciale et le site de son mouvement est fermé depuis le 29 mai 2006 sur demande de Nicolas Sarkozy, ministre français de l’Intérieur.
La décision du conseil des ministres à l’encontre de ce groupe dont le leader considère que « l’homme blanc est un détail », s’appuie sur la loi du 10 janvier 1936 relative aux groupes de combat et aux milices privées. Elle autorise le Président de la République française à dissoudre des associations ou groupements qui, « soit provoqueraient à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou groupement de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propageraient des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence ».