Au Maroc, de multiples artistes ne perçoivent pas leurs droits d’auteur. Le directeur du Bureau marocain du Droit d’auteur, Abdellah Ouadghiri, a été accusé par des centaines d’artistes de détourner leur argent. Des accusations qu’il a réfutées.
La polémique autour du Bureau marocain du Droit d’auteur (BMDA) n’a cessé d’enfler ces dernières semaines. Des centaines d’artistes, de tous bords, accusent le BMDA de ne pas reverser les droits d’auteurs aux artistes. En effet, nombreux sont les artistes marocains qui ne perçoivent pas leurs droits d’auteur alors même que leurs œuvres sont diffusées dans les radios et télévisions marocaines et pour certaines à l’étranger.
De son côté, Abdellah Ouadghiri le directeur du BMDA invite les artistes marocains à se tourner vers les chaînes de télévision et les radios qui sont, selon lui, les seules coupables dans cette affaire. « Nous avons organisé plusieurs rencontres avec les représentants des artistes et remarqué qu’il y avait une incompréhension et un manque de communication», a précisé Abdellah Ouadghiri à Afrik.com. « Les artistes qui pensaient que le BMDA détourne l’argent des droits d’auteur ont été surpris lorsque nous leur avons expliqué que le problème provenait des radios et des télévisions. »
A ce jour, seules trois radios, dont Hit Radio, et deux chaînes de télévision, la SNRT et 2M, reversent les droits d’auteurs, d’après Abdellah Ouadghiri. Mais plusieurs artistes, à l’instar de la chanteuse Oum, affirment n’avoir jamais reçu un centime de la part du BMDA. Pourtant leurs œuvres sont diffusées, entre autres, sur Hit radio qui reverse les droits d’auteur au BMDA. « Le BMDA reverse ce qu’elle perçoit ! persiste M. Ouadghiri. La chaîne Medi 1, par exemple, et des tas de radios privées ne respectent pas les clauses et ne reversent pas les droits d’auteur au BMDA ! »
Pour Ouadghiri, le « problème se règle »
Le responsable du BMDA « croit que le problème s’arrange ». Selon lui, le BMDA « a fait son travail » et appelé les radios privées à respecter la convention qui les lient avec le BMDA, les autorisant ainsi à exploiter le répertoire national et international et reverser en contrepartie les droits d’auteur. « Le problème est en train de se régler, j’ai eu une conversation avec les responsables des radios privées qui ont fini par accepter de payer les droits d’auteur », affirme-t-il.
Le « problème » n’intervient pas seulement sur le plan financier car les artistes remettent aussi en cause l’efficacité du BMDA à protéger les œuvres sur le territoire national et à l’étranger. Certains d’entre eux se plaignent du BMDA qui ne défendrait pas les intérêts des artistes dont les œuvres sont utilisées dans des radios et télévisions étrangères sans autorisation. Pour M. Ouadghiri, il est possible que « des artistes ne respectent pas toutes les procédures à suivre pour déclarer leurs œuvres ». Il a rappelé que la mission de son Bureau « est de défendre les intérêts des artistes ».
Une pétition et du changement
Abdellah Ouadghiri a longtemps été critiqué pour avoir refusé de discuter avec les artistes de la scène marocaine. Mais suite à une pétition pour un audit du BMDA, parue en janvier dernier, le voici désormais sorti de l’ombre. A ce jour, 669 personnes, pour la plupart des musiciens, journalistes, cinéastes et acteurs de la vie culturelle, l’ont signé. Cet audit que réclament ces centaines d’artistes est un sujet sensible car le BMDA n’a jusqu’à présent jamais révélé son budget ni même le montant qu’il reçoit chaque année des radios et des télévisions qui reversent les droits d’auteur.
Depuis, M. Ouadghiri semble très investi et a à plusieurs reprises rencontré les artistes mécontents. Il s’est engagé à améliorer les services de son organisme. Par exemple, les nouveaux talents seront, à l’instar de l’ancienne génération, intégrés dans son conseil d’administration. Une table ronde sera organisée, le 31 mai, au Tecknopark de Casablanca, à propos du problème des droits d’auteur. L’Association des Musiques actuelles du Maroc, l’association Racines, EAC-L’Boulevart et Bassata production sont à l’initiative de ce prochain rassemblement qui s’effectuera en présence du directeur du BMDA et des membres de la SACEM, la Société française des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
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