Dans une interview publiée mardi par le Financial Times, Didier Lombard, Pdg de France Telecom, annonce que le groupe va renforcer sa présence en Afrique. Le lendemain, sa marque de téléphonie mobile est lancée au Kenya. Marc Rennard, vice-président d’Orange-France Télécom pour l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient s’est entretenu avec Afrik.com sur les projets du groupe sur le continent.
Aux paroles succèdent les actes. Mercredi à Nairobi, Orange est devenue la marque commerciale de Telkom Kenya, l’opérateur historique du pays. Il s’agit là d’une suite prévisible de l’acquisition, en décembre 2007, de 51% du capital de cet opérateur de téléphonie fixe, mobile et internet. Une opération qui, selon France Telecom, devrait permettre à Telkom Kenya de tripler le nombre de ses clients pour atteindre 1,5 millions d’abonnés d’ici un an.
Dans son interview publiée mardi par le quotidien économique britannique, The Financial Times le PDG de la compagnie française, déjà présente dans nombre de pays, notamment francophones, affirme vouloir s’intéresser désormais au continent africain dans son ensemble. Le groupe français viserait particulièrement des acquisitions dans les pays anglophones, selon les propos de Didier Lombard. Il s’interdit toutefois des tentatives de reprise d’opérateurs africains internationaux comme le Sud-africain MTN et l’Egyptien Orascom Telecom.
L’Afrique est aujourd’hui un marché à fortes potentialités et donc une destination de choix pour les opérateurs européens. La concurrence s’installe. En juillet dernier, l’Espagnol Vodafone a racheté 70% de Ghana Telecom, troisième opérateur du pays pour environ 900 millions de dollars, au grand dam de France Télécom, écrit le Financial Times. Selon la GSM Association citée par silicone.fr, le nombre de détenteurs de téléphones mobiles a progressé de 33% en 2007, ce qui correspond à 70 millions de nouveaux abonnés.Avec une hausse de la couverture équivalente à la superficie de la France. En Afrique, actuellement, 282 millions de personnes ont un téléphone mobile sur une population de 960 millions de personnes. Avec de fortes disparités en fonctions des régions et des pays.
Marc Rennard, vice-président exécutif d’Orange-France Télécom pour l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, a participé mercredi au lancement de la marque commerciale du groupe au Kenya.
Afrik.com : Qu’est ce qui explique ce regain brusque d’intérêt de France Télécom pour l’Afrique ? Est-ce l’échec de l’OPA sur le nordiste TeliaSonera ?
Marc Rennard : Non. Notre intérêt pour l’Afrique n’est pas nouveau. Nous sommes déjà présents dans 15 pays et nous avons un taux de progression important. L’Afrique a depuis très longtemps été au cœur de la stratégie de développement de France Télécom dont Orange est aujourd’hui la marque commerciale.
Afrik.com : Didier Lombard dit qu’il serait surtout intéressé par des rachats dans les pays anglophones. Pourquoi ?
Marc Rennard : Nous sommes plus présents dans l’ouest du continent qui est essentiellement francophone. Notre présence actuelle se résume comme suit : 2/3 dans des pays de langue française et 1/3 dans les pays de langues lusophone, arabe et anglophone. Maintenant nous voulons nous étendre vers l’est du continent. La langue n’est pas un critère dans notre stratégie de développement. Nous sommes à l’affût des opportunités et nous irons dans les pays où elles se présenteront à des conditions raisonnables.
Afrik.com : Après le Kenya aujourd’hui quel pays ou quel opérateur est dans votre ligne mire ?
Marc Rennard :Nous sommes en négociations avec trois opérateurs sur le continent dont un dans une île à l’est et deux autres à l’ouest. Il s’agit d’opérations de gré à gré (c’est-à-dire qui se négocient à l’amiable entre les deux parties). Je ne peux donc pas vous en dire plus.
Afrik.com : France Télécom envisage aussi de créer de nouvelles infrastructures en Afrique et de développer de nouveaux services ? Est ce que vous avez des projets imminents ?
Marc Rennard : Nous réalisons déjà beaucoup d’infrastructures en Afrique. Nous avons lancé, avec d’autres partenaires, la mise en place de câble sous-marin pour désenclaver Madagascar et le Kenya. Les deux projets seront opérationnels dès mi-2009 et vont permettre à plusieurs pays, en Afrique, d’avoir accès à des réseaux de bonne qualité et à d’internet haut débit. C’est une des meilleures solutions car la connexion satellitaire est peu disponible en Afrique et reste onéreuse.
Afrik.com : France Télécom prétend qu’elle ne s’en prendra pas aux grands opérateurs internationaux du continent, notamment le Sud-africain MTN, et l’Egyptien Orascom Telecom. N’est ce pas là une diversion ?
Marc Rennard : Didier Lombard, Président-directeur général de France Télécom l’a dit très récemment, cela rentre dans la stratégie du groupe. Je n’ai pas à commenter ses déclarations.