Les agences de location automobiles attendent avec impatience les milliers de touristes et d’immigrés non véhiculés qui vont se ruer cet été au Maroc. Alors que les vacanciers non marocains font confiance aux grands groupes internationaux, qu’ils connaissent, les immigrés préfèrent les agences locales, moins chères.
Environ 2,5 millions de touristes visitent chaque année le Maroc. Un chiffre auquel il faut ajouter les milliers de Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui retournent au pays, durant les mois de juillet et août. Une manne financière que les agences de location automobile ne peuvent ignorer. Leurs tarifs, plus proches des standards européens que du niveau de vie marocain, sont souvent inabordables pour la population locale. Certaines agences peuvent ainsi réaliser jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaires durant la période d’été. Mais chacun sa clientèle. Alors que les vacanciers non marocains font confiance aux grands groupes internationaux, les immigrés choisissent définitivement les agences locales.
« Les mois les plus intéressants pour nous sont d’abord avril et mai, durant lesquels de nombreux jeunes touristes viennent au Maroc, notamment à Marrakech », explique le directeur de l’Agence Avis pour Marrakech et le Sud. Vient ensuite le mois d’août, avec des touristes un peu plus âgés, qui viennent soigner leurs rhumatismes grâce à notre été chaud et sec. Nous commençons à peine, mais de mi-juillet à fin août, les locations vont augmenter. Ces mois, avec une clientèle étrangère, constituent environ 60% de notre chiffre d’affaires de l’année. C’est à peu près la même chose à Agadir, sauf que la ville bénéficie d’un tissu industriel et donc de clients que Marrakech n’a pas ». Quant à la population immigrée : « Elle ne loue pas. De temps à autres, lorsqu’ils ont un problème avec leur voiture, il arrive que nous leur en louions une car ils viennent avec des assurances clientes d’Avis International. Mais c’est très rare. »
Nous les attendons vraiment
Le son de cloche est tout autre dans la ville d’Oujda, à la frontière algérienne. Une région où les touristes étrangers ne se bousculent pas, mais où les immigrés marocains sont nombreux à retourner. Du coup, « nous les attendons vraiment », explique Zakharia Moumen, d’Azzedine Car. « Avec eux, nous travaillons bien mieux que les autres mois de l’année. Nous devons faire 60 à 70% de notre chiffre d’affaires annuel. D’autant plus qu’ils nous louent des voitures à la semaine ou au mois, ce qui est plus intéressant. »
Les MRE louent marocain, notamment à cause de la différence dans le coût du service. Alors que les agences locales proposent des prix de départ de 250 à 300 DH, les grands groupes démarrent facilement à 500. Et les prix s’envolent rapidement. Notamment l’été, haute saison oblige, où les majorations sont de mise. Une augmentation que le directeur d’Avis Marrakech admet, mais ne peut chiffrer. « Pour l’été, nous fonctionnons essentiellement avec une clientèle touristique qui a signé des contrats d’ensemble avec son voyagiste… ». A Agadir, M. El Hagani, avec son agence Ali Baba Car, qui compte sept véhicules – 5 Fiat Uno, une Fiat Palio et une Daewoo (volée) – indique clairement la différence de prix. « La fiat Palio est à 300 DH en période basse. L’été, je la fais à 300 pour un client habituel, et à 350 pour quelqu’un qui vient pour la première fois », explique-t-il.
Cette concurrence et cette différence de coût avec les grands groupes, Zakharia ne se l’explique pas. « Peut-être les réservations… », commante-t-il. Le directeur d’Avis Marrakech, pour sa part, dénonce une concurrence déloyale due au fait que les agences locales « ne comprennent pas toutes les garanties en matière d’assurance, notamment ». Quoi qu’il en soit, même en période basse, les clientèles des deux genres ne se rencontrent pas. « Environ 40% de notre chiffre d’affaires est réalisé avec la population locale. Mais avec la population locale, j’entends essentiellement des entreprises multinationales », explique le directeur d’Avis. Au contraire, Zakharia Moumen évoque essentiellement une clientèle « composée d’hommes d’affaires de Casa et de gens d’ici, qui nous louent des véhicules à l’ocassion de fêtes, de l’Aïd, de mariages… » Tout comme à son confrère, M. El Hagani, qui regrette néanmoins qu’avec cette clientèle, « les affaires marchent bien le week-end, et beaucoup moins en semaine ».