Ils sont arrivés en tant qu’esclaves dans les ports de la Caraïbe dès 1505 et leur déportation massive a débuté au Haut Pérou en 1545. La majorité d’entre eux venait d’Afrique, principalement du Congo, du Sénégal , d’Angola, du Benguela et du Biafra.
Jusqu’à il y a 20 ans, ils se montraient peu au pays. Et même aujourd’hui, malgré l’abolition de l’esclavage en Bolivie survenu durant le gouvernement de Manuel Isidoro Belzu —il y a plus de 150 ans—, la population noire en Bolivie se sent prisonnière de la discrimination idéologique et raciale. L’exclusion subie lors du dernier recensement “par oubli” en 2001, lorsqu’ils n’avaient pas été pris en compte dans la classification des ethnies élaborée par l’Institut National des Statistiques en est une preuve.
“Pendant la conquête, ce n’est pas la rencontre de deux mondes qui s’est produite, mais celle de trois mondes. Le troisième monde est le monde africain”, explique l’historien Fernando Cajías.
Entre 13 et 20 millions d’africains furent emmenés dans le nouveau continent à partir de 1545 pour travailler principalement dans les mines dans des conditions infrahumaines. Avec le déclin de l’exploitation minière, ils migrèrent aux Yungas de La Paz et apprirent à cultiver la feuille de coca alors qu’ils étaient encore esclaves ; puis en tant que pongos, ils travaillèrent dans les exploitations agricoles (haciendas) en offrant cinq jours de travail contre deux pour leur famille, jusqu’à ce que le 2 août 1953 il y ait abolition du “pongueaje” et du “mitanaje”, ce qui favorisa l’accès aux terres sur lesquelles ils vivent aujourd’hui, même si la majorité d’entre ne possède pas de titre (foncier).
La population des afrodescendants est actuellement estimée dans le pays à quelques 30.000 personnes, selon les dirigeants de cette communauté qui soutiennent qu’ils ont toujours été marginalisés dans les politiques de développement, et qu’ils ont une représentativité presque nulle; ce qu’ils essayent de changer avec leur demande d’inclusion dans la nouvelle constitution.
Caractéristiques
Population 22 000 habitants
Département : La Paz
Provinces Nord Yungas et Sud Yungas
Famille linguistique : Espagnol avec des variantes dialectiques influencées par l’aymara
Activités : Artisanat, culture du coca, du café, de fruits
Culture
Les afroboliviens conservent vives des caractéristiques de leur culture d’origine, combinée à une assimilation naturelle du peuple aymara et d’influence chrétienne. Leur organisation sociale est basée sur l’unité familiale, ethniquement fermée qui démontre des liens très forts entre ses membres due à la ségrégation raciale existante.
La Saya est l’une de leurs expressions culturelles qui conserve une partie de leurs anciennes traditions d’origine africaine dans laquelle ils expriment leurs inquiétudes sociales, leurs joies, leurs peines et leurs critiques, à travers des couplets rimés et des jeux de tambours intenses au rythme africain. “Les chanteurs de couplets improvisent des strophes espiègles qui recueillent l’expression de groupe”, commente le musicien afrobolivien Alido Inofuentes.
Parmi leurs principales activités se trouvent l’agriculture, la vente et la main d’œuvre.
“pongueaje” et “mitanaje : le premier terme est expliqué (pongo) et comme le deuxième est une forme d’esclavage.