Les Afriques en mutation : un continent à la croisée des transformations


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Lors d’une demi-journée d’étude organisée par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), chercheurs et experts ont exploré les transformations profondes qui redessinent le paysage politique, économique et social de l’Afrique. Le rapport intitulé « Les Afriques en mutation : acteurs, stratégies et perspectives » met en lumière une diversité d’enjeux, allant de l’urbanisation galopante à l’innovation technologique, tout en soulignant le rôle clé des dynamiques locales dans un contexte mondial marqué par les crises et les reconfigurations géopolitiques.

L’Afrique, trop souvent perçue sous une lentille monolithique et réductrice, connaît des bouleversements profonds qui appellent une compréhension renouvelée. Loin des seules thématiques sécuritaires ou de l’influence des puissances extérieures, ce sont des dynamiques internes, telles que l’essor des technologies numériques et la transition énergétique, qui façonnent son avenir. Comme le souligne le rapport, « il n’y a pas une Afrique, mais des Afriques », une pluralité qui invite à repenser les approches traditionnelles et à intégrer les perspectives locales.

Avec une population qui devrait doubler d’ici 2050 et des défis liés à une urbanisation rapide, le continent représente une opportunité économique unique mais complexe. Cependant, ces transformations posent également des problèmes majeurs, notamment en matière de gestion durable des ressources, de gouvernance et d’inégalités sociales.
Des organisations régionales en quête d’efficacité

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Les débats ont mis en lumière les limites des structures régionales comme la CEDEAO. Ces organisations, bien qu’essentielles, souffrent de disparités économiques et démographiques entre leurs membres, rendant difficile une cohésion stratégique. Selon Abdelhak Bassou, chercheur au Policy Center for the New South, la multiplicité des organisations régionales et leur dépendance financière à des acteurs internationaux freinent leur autonomie et leur efficacité. Il prône une approche « minilatéraliste » pour favoriser des partenariats plus ciblés et efficaces.

Le rôle croissant des nouveaux acteurs internationaux

L’ouverture de l’Afrique à de nouveaux partenaires a également été explorée. La Turquie, par exemple, a renforcé sa présence sur le continent, notamment depuis la crise somalienne de 2011.

Ce partenariat repose sur des initiatives diversifiées, allant de la coopération militaire à l’aide humanitaire. Cependant, cette dynamique n’est pas sans critiques. Les conditions de vie des étudiants africains en Turquie, marquées par des discriminations, illustrent les limites de cette collaboration.

Parallèlement, la Corne de l’Afrique attire l’attention des pays du Golfe en raison de sa position stratégique autour de la mer Rouge, un passage clé pour le commerce mondial. L’entrée de l’Éthiopie et des Émirats arabes unis dans les BRICS pourrait transformer cette zone en un « lac des BRICS », redéfinissant les équilibres de pouvoir dans la région.

Les défis environnementaux et technologiques comme catalyseurs de changement
Le changement climatique exacerbe les vulnérabilités du continent. La pression sur les ressources naturelles, l’intensification des phénomènes extrêmes et l’impact sur la sécurité alimentaire accentuent les tensions existantes. Dans ce contexte, les innovations technologiques apparaissent comme une solution prometteuse. Des entrepreneurs tels que William Elong, pionnier camerounais des drones, montrent que l’Afrique possède un potentiel inexploité en matière de cybersécurité et d’intelligence artificielle. Toutefois, ces initiatives peinent encore à s’imposer face au manque de soutien des décideurs locaux.

Un repositionnement stratégique de la France qui mène à une vision renouvelée du continent africain

Enfin, la France, longtemps implantée en Afrique de l’Ouest, semble vouloir réorienter sa stratégie vers l’Afrique de l’Est, notamment en prévision du Sommet Afrique-France de 2026 à Nairobi. Cependant, cette volonté de diversification devra s’accompagner d’une prise en compte des réalités locales pour éviter de reproduire les erreurs passées. Comme le rappelle le rapport, la capacité des puissances étrangères à dialoguer efficacement avec l’Afrique dépend de leur aptitude à comprendre ses dynamiques internes.

Cette conférence, et le rapport qui en découle, offrent un éclairage indispensable sur les mutations en cours en Afrique. Si les défis restent immenses, les opportunités, notamment dans les domaines technologiques et environnementaux, sont tout aussi significatives. Le continent, loin d’être une terre de crises, se révèle être un acteur stratégique incontournable dans un monde en transformation.

Pour en savoir plus, le rapport complet est disponible ici.

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