Comme chaque année depuis 1976, la communauté Africaine-Américaine célèbre en février le Mois de l’histoire afro-américaine (Black History Month). John E. Fleming est président national de l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire africaines-américaines, qui organise l’événement. Il revient sur les aspirations de cette manifestation culturelle.
Le Black History Month bat son plein aux Etats-Unis. Depuis 1976, le mois de février est dédié à faire connaître les Africains-Américains qui ont marqué l’histoire des Etats-Unis. Une idée née de la Semaine de l’histoire nègre inventée un demi-siècle plus tôt par Carter G. Woodson. L’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire africaines-américaines (Asalh) se charge de faire vivre le Black History Month, dont la période a été choisie en fonction du mois de naissance de l’ancien président Abraham Lincoln et de Frederick Douglass, ardent militant de l’abolition de l’esclavage. John E. Fleming est président national de l’Asalh. Il revient sur les accomplissements et les aspirations du Black History Month, dont le thème de cette année « Carter G. Woodson et les origines du multiculturalisme ».
Afrik.com : Comment résumeriez-vous les avancées du Black History Month depuis sa création ?
John E. Fleming : Lorsque Carter G. Woodson a proposé en premier lieu la célébration de la Semaine de l’histoire nègre, seules quelques personnes étaient bien informées concernant l’histoire des Africains-Américains. En 2008, notre président national, George Bush, a déclaré que février était le mois de l’histoire noire et il serait célébré dans toute la nation. Des milliers d’organisations à travers le pays auront des célébrations au niveau local et régional.
Afrik.com : Pensez-vous que les Africains-Américains sont de plus en plus fiers d’être ce qu’ils sont et de leur héritage ?
John E. Fleming : Oui, parce que nous commençons à comprendre le rôle que nous avons joué en tant que peuple africain dans le développement de cette nation. Les Africains, les Européens et les Indiens d’Amérique se sont réunis pour former une nation nouvelle. Plus que n’importe quelle autre minorité, nous avons été des fondateurs et nous continuons d’avoir un impact sur le développement culturel, social, politique et économique de notre nation. Pendant que nous en apprenons plus sur nos racines africaines et étudions notre passé africain, nous apprécions l’héritage des cultures africaines qui façonnent les Africains-Américains.
Afrik.com : Quelle est selon vous la personnalité Africaine-Américaine qui a récemment contribué à améliorer l’image des Africains-Américains ?
John E. Fleming : Incontestablement Barack Obama. Il est l’homme qui tombe à pic. Il est le sénateur américain d’un Etat majeur (…). Il a reçu la meilleure éducation que le pays puisse offrir. Il est plus qualifié que les autres candidats en course pour la présidentielle et c’est le candidat démocrate qui a le plus d’expérience. Son héritage continue de refléter les contributions que les Africains et les Européens ont apportées à l’histoire américaine depuis le tout début.
Afrik.com : Certains Noirs critiquent le Black History Month, en disant que cela sépare l’histoire des Etats-Unis et celle des Africains-Américains. Que répondez-vous ?
John E. Fleming : On peut dire cela de n’importe quelle discipline : l’histoire économique, l’histoire sociale, etc. L’histoire africaine-américaine est l’histoire américaine et on ne peut pas comprendre l’histoire américaine sans étudier l’histoire des noirs. L’Asalh produit désormais du matériel éducatif sur le mois de l’histoire afro-américaine que les enseignants, notamment, peuvent utiliser tout au long de l’année et incorporer ces matériels dans leur programme de base.
Afrik.com : La population blanche participe-t-elle au Black History Month?
John E. Fleming : Oh oui ! Beaucoup. Les Blancs – dans les écoles, les collèges, les églises, les organisations sociales et les entreprises des villes de tout le pays – ont des programmes pour célébrer le Black History Month. C’est vraiment une manifestation nationale.
Afrik.com : Appréciez-vous que le Canada et le Royaume-Uni aient leur Black History Month?
John E. Fleming : Oui et non. C’est merveilleux que le Black History Month soit célébré dans ces pays. Mais comme l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire africaines-américaines devient plus forte et une force nationale dans ce pays, j’espère que nous allons commencer à remplir notre mission de satisfaire une audience mondiale, qui inclurait le Canada et le Royaume-Uni. Nous devrions commencer à penser à des moyens de nous associer à l’échelle internationale.
Afrik.com : Savez-vous si d’autres pays prévoient d’avoir leur Black History Month?
John E. Fleming : J’ai entendu dire qu’il y a des célébrations dans d’autres pays européens.
Afrik.com : Carter G. Woodson souhaitait que la Semaine de l’histoire nègre disparaisse une fois que les livres d’histoire américaine auraient pris plus en considération la participation des Noirs dans l’histoire du pays. Le but est-il atteint ?
John E. Fleming : Non. Nous avons beaucoup plus de recherches à faire, beaucoup plus de livres à écrire et plus d’enseignants à former pour qu’ils puissent transmettre cette connaissance à nos jeunes gens, toutes couleurs confondues.
Afrik.com : Envisagez-vous un jour de cesser le Black History Month si vous pensez que les gens ont correctement compris le rôle joué par les Noirs dans l’histoire américaine ?
John E. Fleming : Dans l’avenir, c’est possible. Je ne pense pas que cela se produira de mon vivant. (…) Même quand tout le monde comprendra le rôle que les Noirs ont joué dans ce pays, ce ne sera pas une raison pour que nous arrêtions de le célébrer.
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