Les 4 facteurs expliquant la faible compétitivité de l’Afrique


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Carte d'Afrique

Si l’on exclue Maurice et l’Afrique du Sud, tous les pays africains sont classés parmi les plus mauvais élèves en ce qui concerne la compétitivité. Comment expliquer ces médiocres performances ?

Dans son article, Ibrahim Anoba, retient essentiellement 4 raisons à cette faible compétitivité. La première est le copinage qui conduit aux monopoles protégés excluant toute concurrence loyale. Ceci mène à la faiblesse de l’innovation sur le continent. Rajoutons un environnement des affaires hostiles qui épuise et/ou dissuade les entreprises privées. Enfin, la faiblesse des ressources humaines entre en jeu : programmes inadaptés aux besoins de l’entreprises, éducation négligée par les Etats. On connaît les problèmes. Encore faut-il vouloir les résoudre.

Dans le dernier rapport sur la compétitivité mondiale, sur les indicateurs responsables de la productivité et de la croissance à long terme, les pays africains sont mal classés. Sur les 140 pays étudiés, l’économie africaine la mieux classée est Maurice au 49ème rang, puis l’Afrique du Sud à la 67ème place. La majorité des autres pays africains croupissent dans le tiers inférieur du classement. Cette médiocre performance, sur l’un des principaux indices de mesure du progrès économique, confirme la situation déplorable dans laquelle se trouve l’économie africaine, du moins en ce qui concerne le passé récent. Il y a quatre principaux facteurs à l’origine de ce déficit de compétitivité.

Des marchés pervertis par les monopoles

La principale raison pour laquelle il est difficile pour les pays africains d’intégrer la moitié supérieure de ce classement réside dans les monopoles sur les marchés. Les économies concernées entretiennent, à des degrés divers, des relations malsaines entre les hommes politiques et les hommes d’affaires, ce qui favorise le contrôle des moyens de production par un petit nombre d’entreprises.

La meilleure situation devrait être un espace ouvert permettant aux entrepreneurs ou aux entreprises intéressés de se faire concurrence. Malheureusement, nous trouvons actuellement des secteurs clés, notamment les transports, le pétrole et l’énergie, où le gouvernement est le seul fournisseur. Dans les rares cas où l’offre est privée, les prix et les quantités sont dictés par les grandes entreprises avec la complicité des hommes politiques corrompus. Cela élimine effectivement la concurrence nécessaire pour améliorer la capacité du marché à répondre à la demande au moindre coût pour les consommateurs africains, qui ont les revenus les plus faibles au monde. Cela se traduit également par la perte de liberté de choix du consommateur. Celui-ci n’ayant guère d’option pour rejeter les termes d’échange, l’effet disciplinaire sur le producteur est affaibli, d’où le déclin de ces économies au fil du temps.

Une faible innovation

Le grand avantage d’un marché concurrentiel est de favoriser l’innovation, ce processus de génération d’idées visant à maximiser les gains tirés des investissements. Alors que le reste du monde met régulièrement à jour ses dernières innovations en matière de robotique et d’intelligence artificielle, aucun des pays africains mal classés n’a réussi à intégrer la science et la technologie dans ses systèmes éducatifs, ce qui pénalise divers secteurs de l’économie. Par exemple, l’agriculture, qui contribue le plus au PIB du continent, n’est toujours pas assez mécanisée. Les dirigeants de ces pays doivent déjà savoir que la modernisation d’un secteur important comme l’agriculture devrait être le premier de leur programme économique s’ils veulent vraiment être compétitifs.

Un environnement des affaires hostile

L’environnement des affaires dans la plupart des régions du continent est loin des standards minimums. Cela signifie, en particulier, que les lois et réglementations régissant le business sont considérées comme hostiles en Afrique. Par exemple, le démarrage d’une entreprise ou l’enregistrement d’une propriété dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne prend généralement plus de temps qu’ailleurs. Bien qu’il s’agisse d’un effort qui ne devrait normalement pas dépasser un à trois jours ouvrables, au Nigéria, par exemple, il faut généralement six semaines pour enregistrer une entreprise ; Il en va de même pour le Cameroun, alors que dans des pays comme la RD Congo, le Niger et le Burundi, cela peut prendre encore plus longtemps.

C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Afrique subsaharienne est reconnue comme le pire endroit pour les entrepreneurs. Par conséquent, ces lenteurs bureaucratiques sont un handicap majeur pour la compétitivité d’une économie. De même, avec la concurrence biaisée entre les entreprises publiques, les grandes entreprises et les micros-petites entreprises, il n’est pas étonnant que l’Afrique soit mal classée.

Par ailleurs, la bureaucratie, conjuguée à la faible protection de la propriété privée, complique le processus de prise de décision pour les acteurs de la chaîne de valeur tels que les agriculteurs, les commerçants locaux et les consommateurs. En fin de compte, la valeur ajoutée qu’elles créent est assez faible. Ces problèmes pourraient être évités si les gouvernements africains cessaient tout simplement d’imposer des réglementations rigides et inutiles. Toutefois, comme il est peu probable que cela se produise de si tôt, l’environnement commercial restera hostile.

Un faible capital humain

La capacité d’un travailleur africain moyen à contribuer de manière significative au processus de marché est restée relativement stagnante pendant des décennies. En effet, tandis que la population de jeunes continue de croître, la disponibilité des opportunités d’emplois ne suit pas la même cadence. Selon le récent indice de capital humain de la Banque mondiale, la valeur marchande de l’ensemble des compétences d’un travailleur africain moyen est parmi les plus basses du monde. Cela a créé un large fossé entre les compétences disponibles et les profils demandés par les employeurs. C’est aussi la raison pour laquelle 70% de la main-d’œuvre du continent se trouve dans le secteur agricole.

Pendant ce temps, l’éducation reste la clé de la productivité humaine. En fait, plus les pays investissent dans l’enseignement technique, plus leur économie devrait s’améliorer dans les domaines de la science et de la technologie. Pour les pays africains concernés, la prochaine étape dans l’amélioration de leur capital humain consiste à investir davantage dans l’éducation. D’autres besoins, tels que la santé, la sécurité et la nutrition, disparaîtront une fois que les améliorations apportées à l’éducation et la facilité des affaires entreront en ligne de compte.

Par Ibrahim Anoba

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