Leïla Ssina, le nouveau souffle rebelle de la chanson française


Lecture 6 min.
arton54497

Voilà déjà dix ans que la Française Leïla Ssina, née de parents Algériens, sillone la France, se représentant sur de nombreuses scènes avec son groupe. La jeune femme de 36 ans, au timbre de voix cristal, très atypique, reconnaissable dès les premiers mots, vient de sortir son tout premier album « Sympa ». Elle y évoque à travers des textes poignants, bourrés d’ironie et d’humour, les travers de notre société actuelle de consommation, où l’argent est roi. Sa musique pop et groove, entraînante, se mêle aisément à sa voix pleine de charme, douce et jazzy. Rencontre avec une artiste authentique.

En Partenariat avec KADIDIA.COM

Très décontractée, habillée comme madame tout le monde, Leïla Ssina fait partie de ce genre d’artiste qui pourrait être notre voisine de palier tellement elle est simple et vraie. On retrouve la même personne sur scène comme dans la vie quotidienne, sans paillettes, ni artifices, s’exprimant d’une voix toujo??urs douce, mais de façon tout de même très affirmée. Il faut dire que Leïla Ssina a un caractère rebelle depuis son plus jeune âge. Dans tout ce qu’elle entreprend, elle a besoin de s’approprier les choses, d’être elle-même et surtout de se distinguer. La musique ne déroge pas à la règle. Son album « Sympa », frais, qu’on peut écouter à longueur de temps sans se lasser, reflète aussi cette authenticité qui fait sa m?arque de fabrique?. Ce n’est pas étonnant que le jury du Pic d’Or lui ait décerné en ?2013 le prix de l’interprétation et le prix ACP-Manufacture Chanson.

Que représente ce premier album pour vous ?

Leïla Ssina : J’ai l’impression d’avoir été au bout d’un projet. C’est donc un album très important pour moi car jusqu’ici on s’est toujours produit sur scène. Puis au fil du temps, on s’est beaucoup penché sur l’intérêt de sortir un disque aujourd’hui, vu le contexte actuel de l’industrie du disque. Puis la sortie de l’album est arrivé comme une évidence. On avait envie de le faire, d’autant que cela fait dix ans que nous sommes sur internet, qui nous a permis d’avoir un public. Mais à un moment donné, on avait envie d’aller au bout du projet.

Pourquoi avoir intitulé votre album « Sympa » alors que vos textes sont poignants ?

Parce que je trouve que la sympathie manque beaucoup aujourd’hui entre les gens. Or « Sympa » évoque quelque chose de positif. Dans notre monde actuel, on en a plus que jamais besoin.

Dans une de vos chansons, La gueule du monde, vous dîtes : « Depuis que Paradis rime avec Vanessa ». Auriez-vous des comptes à régler avec Vanessa Paradis ?

(Elle esquisse un sourire avant de répondre). Non pas du tout, je n’ai aucun problème avec elle. C’était uniquement pour la rime et pas du tout une attaque. En fait, à travers cette phrase, je voulais juste dire que le paradis n’a aujourd’hui plus la signification qu’il avait.

Comment définissez-vous votre style musical ?

Moi je dirai que c’est de la pop groove. La pop, pour le côté populaire. D’autant qu’on passe d’une ambiance à une autre à chaque titre. Et il y a le groove, qui est le fil rouge de toute ma musique.

Contrairement à beaucoup d’artistes, aujourd’hui vous semblez attacher une grande importance au texte. Pourquoi ?

J’aime les textes bien écrits. Après, le problème en France c’est qu’il faut souvent choisir entre le texte et la musique. Moi j’accorde autant d’importance au texte qu’à la musique. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Les deux ont leur importance. Pour moi, le texte n’est pas moins important que la musique. Et vice-versa. Je voulais faire de la bonne musique qu’on puisse aussi écouter.

Les sujets que vous évoquez dans votre album, tels que les travers de la société sont assez graves, même si vous les abordez avec beaucoup d’humour et d’ironie. Peut-on dire de vous que vous êtes une artiste engagée ?

Je n’ai pas la prétention d’affirmer que je suis une artiste engagée. J’ai plus l’impression de dénoncer les travers de la société actuelle. C’est en réalité un constat que je fais. Après, j’ai plus tendance à ironiser dans mes textes. C’est une manière de faire passer le message mais pas de façon trop négative qui plombe l’ambiance. Je donne plutôt l’impression qu’on s’amuse de ce qui se passe actuellement. Mes textes sont aussi très accessibles et j’aime bien ce côté immédiat, où on n’est pas obligé d’aller chercher son dictionnaire.

Comment la musique a commencé pour vous ?

Je suis issue d’une famille de mélomane, où tout le monde écoutait de la musique. Lors de mes cours au collège, mon prof de musique me faisait parfois chanter toute seule et m’a dit que j’avais une très jolie voix. Il m’a encouragée à poursuivre dans cette voie. Ça a toujours été naturel pour moi de chanter. J’étais toujours attirée par la musique dans tout ce que je faisais. Après avoir décroché mon bac, j’ai toute suite intégré une école de musique juste pour honorer le contrat de confiance que j’avais passé avec ma grande sœur qui exigeait que j’obtienne le bac pour sécuriser mon avenir professionnel au cas où la musique ne marcherait pas.

Dans cette école de musique que vous avez intégré, vous faites la connaissance de nombreux artistes qui vous aident à affiner votre univers musical. Racontez-nous cette étape capitale de votre vie ?

Oui effectivement, c’est dans cette école que j’ai fait mes armes. Avant de rentrer dans un vivier d’artistes, on côtoie des gens qui ne comprennent pas forcément ce qu’on fait. C’est lorsque j’ai rencontré des musiciens et artistes comme moi que j’ai commencé à enrichir mon identité musicale.

Pourquoi tenez-vous tant à avoir votre propre identité musicale ?

J’ai toujours eu une vraie nature rebelle depuis toute petite. Je n’aime pas faire ce que tout le monde fait. Et par rapport à l’endroit d’où je viens et où j’ai grandi, dans le 91, dans le département de l’Essonne, les stéréotypes voudraient que je sois une chanteuse de R’nb tout cela parque ce que j’ai grandi, mes 25 premières années, dans les cités. Sauf que c’est important pour moi de faire de la musique qui me correspond car j’aime m’approprier les choses. Ce que je reflète à travers la musique c’est ce que je suis en vrai.

Quels sont les artistes qui vous ont influencé ?

Bien que je chante en français, j’ai une culture musicale très anglo-saxonne. Ce sont des artistes comme Micheal Jackson ou encore Stevie Wonder qui m’ont donné envie de chanter et de faire de la musique.

Comment travaillez-vous la composition de vos textes. Etes-vous une artiste qui réfléchit beaucoup avant d’écrire ou plutôt spontanée ?

Je n’ai pas vraiment de recettes. Il y a des chansons que je peux écrire en dix minutes et d’autres sur lesquelles je peux passer des mois à travailler, car parfois je me retrouve avec un super refrain mais avec un couplet à revoir. Vraiment ça varie beaucoup.

Vous êtes née en France de parents originaires d’Algérie. Pensez-vous vous produire un jour en Algérie ?

C’est mon pays d’origine, j’adorerai aller me représenter sur scène là-bas. Ah oui ! Ce serait quelque chose de me produire en Algérie!

Le clip A payer de Leïla Ssina

YouTube video

Leïla Ssina sur scène

YouTube video

Pour plus d’informations :
!music-video/cjg9

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News