Le Conseil constitutionnel du Tchad a publié les listes définitives des candidats aux élections législatives du 29 décembre 2024, marquées par des exclusions controversées et un contexte politique tendu.
Les élections législatives prévues pour le 29 décembre 2024 marquent une étape clé pour le Tchad. Après des années de transition, le pays s’apprête à rétablir son Assemblée nationale. Le Conseil constitutionnel vient de publier les listes définitives des candidats, offrant son lot de rebondissements et de controverses. Que faut-il retenir de cette étape décisive pour l’avenir politique du pays ?
Des chiffres révélateurs et des décisions contestées
Le Conseil constitutionnel a validé 1 329 candidatures sur l’ensemble du territoire national. Parmi ces postulants, 116 requêtes avaient été déposées pour contester les rejets décidés par l’Agence Nationale pour la Gestion des Élections (ANGE). Ces recours, parfois très médiatisés, ont mis en lumière des dossiers sensibles, notamment ceux des figures du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), l’ancien parti au pouvoir.
Ainsi, Mahamat Zen Bada, secrétaire général du MPS, a vu sa candidature définitivement rejetée. Son judiciaire passé, marqué par une condamnation pour détournement de fonds publics, a pesé lourdement dans la balance. Le Conseil a également confirmé que les candidats condamnés sans amnistie restent inéligibles, soulignant le respect des lois en matière d’éligibilité.
Des exclusions rétentives et des candidats repêchés
Si la décision concernant Mahamat Zen Bada a confirmé une ligne ferme, d’autres personnalités du MPS ont eu plus de chance. Mariam Djimet Ibet et Wang Laouna Foullah, deux anciens maires de N’Djamena, ont vu leurs candidatures rétablies après un examen approfondi. Pour ces deux figures, les accusations portées à leur rencontre n’ont pas été suffisamment étayées pour entraîner une inéligibilité définitive.
Cependant, les exclusions de Mahamoud Boubakary et Salomon Gaïdro, deux autres cadres influents du MPS, continuent de faire débat. Accusés de fraude lors de leur inscription sur les listes électorales, leurs dossiers ont été transmis au procureur de la République pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Un contexte politique sous tension
Ces législatives se déroulent dans un climat marqué par la méfiance et les divisions. Un parti de l’opposition a choisi de boycotter le scrutin, dénonçant un manque de transparence et d’équité dans le processus électoral. Cette défiance renforce les tensions autour de l’organisation du vote, alors que le Tchad espère tourner la page de la transition amoureuse après la mort d’Idriss Déby Itno en 2021.
Le rôle central du MPS dans cette élection attire particulièrement l’attention. Héritier de l’ancien président, le parti cherche à maintenir une influence majeure, tout en étant confronté à des défis internes et externes. La disqualification de certains de ses cadres pourrait impacter sa stratégie électorale et ses chances de succès.
Vers une fin de transition historique
Avec ces listes définitives, le Tchad franchit une étape importante vers la fin de la transition. Le scrutin du 29 décembre symbolise un retour à une vie politique normalisée, marquée par la restauration de l’Assemblée nationale.
Cependant, les décisions controversées du Conseil constitutionnel, associées aux tensions politiques persistantes, posent des questions sur la capacité du pays à organiser des élections véritablement inclusives et représentatives.
Pour les Tchadiens, cette échéance électorale représente un espoir de renouveau démocratique, mais elle est aussi un test pour les institutions et le processus électoral dans son ensemble.