Le porte-parole de l’opposition guinéenne réunie au sein du Collectif et de l’ADP, Faya Millimono, a estimé au cours d’une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire satirique le lynx que le président Alpha Condé ressemble à l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Il fait ainsi allusion à l’organisation des élections législatives qui tarde à avoir lieu alors qu’elles devaient se tenir six mois après son investiture à la magistrature suprême du pays.
(De notre correspondant)
Plus de dix-huit mois après son élection à la tête de la Guinée, le Président Alpha Condé et son gouvernement peinent à doter le pays d’une Assemblée nationale. Pour Faya Millimono, porte-parole de l’ADP et du Collectif, c’est Alpha Condé qui refuse d’organiser ces élections. Avant de le comparer à l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo.
« Alpha Condé me rappelle un chef de la sous-région, je veux parler de Laurent Gbagbo, l’ex-chef d’Etat de la Côte d’Ivoire. Combien d’années sans élections sous Laurent Gbagbo ? C’est dans cette logique qu’on est engagé », a-t-il indiqué dans l’un de ses passages. Avant de poursuivre : « Pour le Président Alpha Condé, la politique, c’est manigancer, les coups bas, monter les uns contre les autres. Nous continuerons de nous battre pour que la Guinée que nous avons connue de 1958 à aujourd’hui soit autre. Le peuple de Guinée n’arrive pas à se nourrir correctement. Pas de courant, pas d’eau potable, pas de routes, pas de justice, pas de paix. La division ne fait que s’accentuer. Nous voulons tourner la page de cet échec pour écrire du développement. Nous croyions avoir pour une fois quelqu’un qui a été élu et qui a promis d’apporter le changement », a regretté Faya Millimono.
Le bras de fer entre opposition et pouvoir
L’opposition guinéenne et le pouvoir d’Alpha Condé n’arrivent pas à s’entendre sur les conditions devant conduire à des élections législatives libres et transparentes. Afin de faire plier le gouvernement à sa requête, l’opposition a déclenché depuis un certain temps une série de manifestations tant dans la capitale qu’à l’intérieur du pays. La dernière en date a eu lieu le 10 mai : une cinquantaine de manifestants a été grièvement blessé. Il faut rappeler, par ailleurs, que l’opposition réclame entre autres la recomposition des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en vue d’une parité égale entre opposition et la mouvance c’est-à-dire dix membres de l’opposition et dix de la mouvance présidentielle conformément au paysage politique actuelle du pays.
« La date pour moi n’est pas importante. Ce qui importe, ce sont les étapes du processus électoral. Si nous nous entendons sur un chronogramme consensuel, qui tienne compte de tous les aspects, nous pouvons aller rapidement à une date. Mais, si on ne s’entend même pas sur celui qui va organiser les élections, sur la définition même de la révision. Car pour certain, c’est un recensement, pour d’autres, c’est la révision. On ne s’entend pas non plus sur l’opérateur qui doit faire la révision ou le recensement. Comment voulez-vous fixer une date, si ce n’est pas pour jeter de l’argent du contribuable par la fenêtre ? », a conclu Faya Millimono.
Il faut noter que plusieurs dates ont été proposées par la Commission électorale nationale indépendante. Cependant, ces dates ont été reportées pour faute de consensus. Celle du 8 juillet proposée en mars par la Ceni a été annulée au courant de ce mois par le président Alpha Condé pour des raisons techniques.
Lire aussi :
Mouctar Diallo : « Le gouvernement de Guinée ne veut pas d’élections libres »
Guinée : l’opposition appelle à manifester contre le pouvoir