Les élections législatives algériennes se dérouleront jeudi dans une atmosphère pesante. Outre le désintérêt des électeurs pour le scrutin rapporté par les medias, plusieurs partis appellent les citoyens au boycott. Par ailleurs, alors que des mesures sécuritaires sont mises en place, un attentat a fait au moins un mort à Constantine ce mercredi.
Votera, votera pas ? Selon certains medias locaux, les Algériens ne sont pas très motivés pour élire, jeudi, les 389 membres de l’Assemblée nationale populaire. Le désintérêt pour les 12 229 candidats s’expliquerait moins par les attentats du 11 avril que par le fait que le Parlement ne jouisse que de pouvoirs limités. Nombre des 18 millions d’électeurs ne considéreraient donc pas cet organe comme capable de résoudre leurs problèmes, tels que la faiblesse des salaires, le chômage (qui concernerait 75% des moins de trente ans) ou la crise du logement. Du coup, bien des sondages prédisent une participation très faible.
Le FLN sur le déclin ?
Un discours fataliste que rejette le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. « Il y a plusieurs conditions qui déterminent la participation », a expliqué Noureddine Yazid Zerhouni, citant notamment « l’atmosphère générale dans le pays et la qualité des candidats ». Le président du Front national algérien, Moussa Touati, estime que le taux de participation ne dépassera pas 45%. Cependant, il appelle à voter, même blanc, « car l’abstention permet à l’Administration d’utiliser les voix à sa guise », a-t-il indiqué au quotidien algérien Jeune Indépendant.
En revanche, certains experts estiment que le Front de libération national (FLN), première formation du gouvernement, pourrait prendre une douche froide lors du scrutin. Ils lui prêtent 117 sièges, contre 199 actuellement. Les pronostics au sein même du parti vont de 190 à 120 postes de députés. Si la déroute du parti devait être confirmée, le Premier ministre et président du FLN, Adbelaziz Belkhadem, pourrait bien démissionner.
Appels au boycott
Dans l’opposition, certains partis appellent au boycott. Comme le Mouvement pour la renaissance nationale, le Front islamique du salut (dissous) et le Front des forces socialistes (FFS). Comme aux législatives de 2002, le FFS invite les Algériens à rester chez eux. La première force politique de Kabylie considère en effet que le scrutin ne sera pas transparent. Et ce, malgré les assurances du gouvernement qui prône une organisation honnête. « Les amendements de la loi électorale de 2002 ont porté leurs fruits et s’il y a fraude, ce sera du fait des candidats ou de leurs représentant », avait déclaré lundi Noureddine Yazid Zerhouni.
Si Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, explique n’avoir « pas de raison de douter de la sincérité du ministre de l’Intérieur », d’autres sont bien plus sceptiques. Le quotidien algérien La Tribune écrivait, ce mercredi, que le FLN, d’après lui en perte de popularité, a déboursé un total de 12 millions de dinars (environ 130 000 euros) pour la campagne de ses candidats, qui s’est achevée, comme celle des autres, lundi à minuit. Une somme qui aurait en partie été obtenue en piochant, entre autres, dans le Trésor Public, d’après Moussa Touati.
Noureddine Yazid Zerhouni a indiqué qu’un « dispositif sécuritaire a été pris » pour que les électeurs s’expriment « dans les meilleures conditions possibles ». C’est dans ce contexte qu’un attentat à la bombe dans un quartier populaire de Constantine a fait, ce mercredi, au moins un mort, un policier, et cinq autres blessés.