Le Tchad célèbre la victoire écrasante du Mouvement patriotique du Salut (MPS) aux législatives, validée par le Conseil constitutionnel. Cependant, ce triomphe soulève des doutes sur la transparence électorale et la santé démocratique du pays.
Le Tchad a récemment tourné une page électorale majeure avec la confirmation des résultats définitifs des législatives par le Conseil constitutionnel le 21 janvier. Si la victoire écrasante du Mouvement patriotique du Salut (MPS) du président Mahamat Idriss Déby marque un jalon dans la vie politique du pays, elle soulève également des interrogations sur la transparence et la vitalité démocratique tchadienne.
Une victoire sans appel pour le MPS
Selon les résultats validés, le MPS a obtenu 124 des 188 sièges de la nouvelle Assemblée nationale, s’assurant ainsi une majorité absolue confortable. Ce résultat, qui reflète le triomphe de Mahamat Idriss Déby lors de la présidentielle de mai 2024, a été accueilli avec satisfaction par le parti au pouvoir. Issa Doubragne, porte-parole du MPS, n’a pas caché son enthousiasme, et voit une continuité du plébiscite populaire pour leur programme.
Le scrutin du 29 décembre, pourtant marqué par un taux de participation modéré de 51,56 %, avait été boycotté par un parti de l’opposition, laissant au MPS un champ presque libre. Cette absence de concurrence effective a renforcé les critiques sur la représentativité des résultats.
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Opposition muselée et contestations avortées
Les recours déposés par les partis opposants, au nombre de 243, ont été en grande majorité rejetés par le Conseil constitutionnel. Jean-Bernard Padaré, son président, a souligné des carences dans les preuves et la forme des recours. Pourtant, pour Clément Sianka, porte-parole du RNDT-Le Réveil – deuxième force politique avec seulement 11 sièges –, ces rejets illustrent une justice électorale biaisée. L’opposition accuse le système de l’avoir empêché d’accéder aux procès-verbaux du contrôle, rendant toute contestation effective impossible.
Ces dysfonctionnements alimentent un sentiment de frustration dans un parti de l’électorat, qui voit dans ce scrutin une « recul démocratique ».
Un paysage politique fragmenté malgré tout
Malgré la domination du MPS, 38 partis différents seront représentés à l’Assemblée nationale, témoignant d’un multipartisme théorique mais limité. Lors des législatives, provinciales et communales, 184 partis et regroupements avaient concouru pour les sièges, impliquant plus de 1 300 candidats. Cependant, la centralisation du pouvoir au profit du MPS a éclipsé les initiatives locales et réduit l’impact des partis émergents.