Législatives au Tchad : une mission de facilitation de la CEEAC en demi-teinte


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La mission de facilitation de la CEEAC au Tchad pour les législatives de décembre 2024 se solde par un échec, les principaux partis d’opposition refusant de participer.

Le Tchad se prépare à ses élections législatives prévues pour le 29 décembre 2024, une étape clé dans la transition politique en cours. Pourtant, la récente mission de Didier Mazenga Mukanzu, envoyé spécial du facilitateur de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), s’est achevée sans parvenir à réunir les principales forces politiques du pays. Alors que son objectif était de convaincre tous les partis de participer au contrôle, cette mission a été marquée par des tensions et des taux significatifs.

Une mission sous haute tension

Didier Mazenga Mukanzu, ministre congolais du Tourisme et envoyé spécial du facilitateur de la CEEAC, avait pour mission de favoriser une participation inclusive aux élections législatives au Tchad. Arrivé le 19 octobre 2024, il a passé quatre jours dans la capitale, Ndjamena, pour rencontrer différents acteurs politiques. Son principal défi : convaincre les dirigeants des partis d’opposition, tels que Succès Masra des Transformateurs et Max Kemkoye du GCAP (Groupe de Coordination des Acteurs Politiques), de renoncer à leur boycott et de prendre part aux élections.

Cependant, la mission de l’envoyé spécial s’est heurtée à de sérieux obstacles. Didier Mazenga n’a pas réussi à s’entretenir avec ces deux figures majeures de l’opposition, ce qui a compromis l’atteinte de son objectif. Le coordinateur du GCAP, Max Kemkoye, a fait partie d’une « incompatibilité de calendrier », tandis que le président des Transformateurs, Succès Masra, a maintenu sa position de refus catégorique, critiquant l’approche de l’envoyé spécial.

Polémiques et réactions divergentes

La déclaration de Didier Mazenga, à l’issue de son séjour, n’a fait qu’accentuer les tensions. Il a exhorté les opposants à ne pas boycotter les élections et qu’il serait préférable de participer au contrôle en déployant des observateurs dans les bureaux de vote. Cette prise de position a rapidement suscité des critiques du côté de l’opposition.

Béni Sitack Yombatina, numéro deux des Transformateurs, a exprimé sa déception face à ce qu’il considère comme une forme de partialité. Il indique que le rôle d’un facilitateur ne devrait pas être de pousser les parties à aller aux urnes sans discuter des désaccords de fond. De son côté, Max Kemkoye du GCAP a accusé l’envoyé spécial d’avoir outrepassé ses fonctions après son entretien avec le président tchadien, Mahamat Idriss Déby.

Le gouvernement tchadien satisfait de la mission

Si l’opposition a vivement apprécié la mission de Didier Mazenga, celle-ci a en revanche été appréciée par le gouvernement tchadien. Un membre de l’exécutif a même déclaré que les propositions de l’envoyé spécial étaient en parfaite adéquation avec sa mission d' »accompagner » le processus de transition, conduisant à une stabilisation du pouvoir en place.

Cette divergence des réactions met en lumière les défis complexes de la transition politique au Tchad. La CEEAC, sous la facilitation du président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, continue de jouer un rôle clé dans l’accompagnement de ce processus, mais la voie vers des élections inclusives et pacifiques semble semée d’embûches.

Des incertitudes autour des législatives

Malgré les efforts de l’envoyé spécial et les appels à une participation générale, l’opposition tchadienne reste divisée et méfiante quant à l’organisation des élections législatives. Les partis de l’opposition, en particulier Les Transformateurs et le GCAP, continuent de poser des conditions strictes pour leur participation, laissant planer le doute sur la crédibilité et l’inclusivité du contrôle.

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