Législatives 2024 en France : les Africains retiennent leur souffle


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Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Face à la montée de l’extrême droite lors du premier tour des législatives françaises de 2024, la communauté africaine en France exprime de profondes inquiétudes et appelle à une mobilisation accrue.

Les résultats du premier tour des élections législatives françaises, qui se sont déroulées le 30 juin 2024, ont provoqué une onde de choc dans tout le pays. Avec le Rassemblement National (RN) en tête avec 34,2 % des voix, suivi par le Nouveau Front Populaire avec 29,1 %, et le camp d’Emmanuel Macron en troisième position avec 21,5 %, la montée de l’extrême droite est perçue comme une menace par de nombreux Africains vivant en France.

Inquiétudes et réactions

Les réactions des Africains en France ne se sont pas fait attendre. Joël Viana, un ingénieur informatique togolais vivant à Paris depuis plus de 20 ans, exprime ses craintes auprès de la BBC : « Nous nous posons beaucoup de questions sur notre avenir ici. Nos enfants aussi, pour la plupart métis, ne comprennent plus rien. » La montée de l’extrême droite et son projet d’immigration inquiètent profondément ces communautés, qui se sentent de plus en plus marginalisées et stigmatisées.

Pour Baki Youssoufou, chef d’entreprise et militant des Droits de l’Homme, la victoire du RN est une mauvaise nouvelle pour la France et l’Afrique. Il souligne que les politiques françaises ont, au fil des ans, contribué à la montée de l’extrême droite en faisant de l’immigration un bouc émissaire. « J’ai peur que la France devienne le grand pays où on va tester l’extrême droite comme gouvernement », dit-il, craignant des répercussions économiques et sociales dévastatrices.

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Entre mobilisation et résignation

Cependant, certaines voix appellent à la mobilisation plutôt qu’à la résignation. Abdlekerim Koundougoumi, Directeur Afrique de l’ONG Internet Sans Frontière, voit dans cette situation une occasion pour les Africains de se réveiller et de mieux s’organiser. « L’arrivée du RN au pouvoir doit être un signal pour que les Africains s’impliquent activement dans la politique », affirme-t-il.

Pour Jean Célestin Edjongue, historien et journaliste, il est essentiel de rester vigilant et de se préparer à la cohabitation possible entre l’extrême droite et le camp Macron. Il souligne que les triangulaires pourraient empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue, offrant ainsi une chance de freiner leur ascension.

Vers un deuxième tour décisif

Alors que le deuxième tour approche, prévu pour le 7 juillet 2024, les appels à faire barrage au RN se multiplient. La communauté africaine, tout comme le reste de la France, retient son souffle dans l’attente de ce scrutin qui pourrait changer le visage politique du pays.

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