Près de 4,4 millions d’électeurs béninois sont appelés aux urnes, ce dimanche 26 avril 2015, pour élire 83 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale, à Porto-Novo. Les résultats du scrutin pourraient donner un aperçu du rapport de force politique en vue de la prochaine élection présidentielle.
A Porto-Novo,
La modification de la Constitution est au cœur de la campagne des élections législatives béninoises de ce dimanche 26 avril. L’opposition a focalisé la campagne sur un refus de cette mesure annoncée par le parti présidentiel des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), à la condition de l’élection des 50 députés nécessaire à cette entreprise. Elle soupçonne le chef de l’Etat Boni Yayi de vouloir ainsi se donner la possibilité de se présenter à un troisième mandat. Près de 4,4 millions d’électeurs sont appelés à voter pour élire 83 députés.
Un électorat désabusé
Le clientélisme qui caractérise toutes les campagnes électorales depuis l’ère démocratique au Bénin semble voir ses effets diminuer. L’électorat, qui apparaît sous la déception liée notamment aux promesses non tenues, la corruption et le chômage endémique, ne se passionne pas pour ces élections. La population, fortement affectée par les difficultés économiques, focalise son mécontentement sur le régime en place et Boni Yayi à sa tête.
La majorité présidentielle a expliqué vouloir inscrire dans la Constitution la Commission électorale nationale autonome (CENA), l’imprescriptibilité des crimes économiques et la Cour des comptes. La population ne croit plus aux promesses du pouvoir et les partis politiques d’opposition l’ont bien compris, en utilisant comme unique thème de campagne le refus d’une quelconque modification constitutionnelle.
L’opposition en rang dispersé
Les multiples déplacements du chef de l’Etat qui a battu campagne dans tout le Bénin pour soutenir les différents candidats de son parti ont pu alimenter les suspicions quant à sa volonté de se maintenir au pouvoir. Les partis politiques abordent néanmoins le vote en rang dispersé : près de 19 partis politiques regroupés dans 14 formations sont en lice.
Parmi les principaux partis d’opposition, l’Union fait la Nation (UN) de Bruno Amoussou ou encore Alternative Citoyenne dont Joseph Djogbénou est le Président d`Honneur, et le Parti du renouveau démocratique (PRD) de l’historique opposant Adrien Houngbédji, « candidat malheureux » à cinq élections présidentielles successives. La Renaissance du Bénin (RB) qui porte la candidature de Léhady Soglo, fils de l’ancien Président Nicéphore Soglo, est en position de force à Cotonou, tandis que l’Alliance Soleil (AS) rassemble les principaux députés du nord du pays, opposés au FCBE.
Il faut souligner que les élections législatives sont une affaire de marchandage au Bénin.Les désistements de dernière minute de candidats d’un parti pour un autre sont une pratique répandue dans la vie politique du pays. Alors qu’une partie de l’opposition et certaines associations craignent déjà des fraudes nombreuses en raison notamment du retard dans la distribution des cartes électorales, le scrutin de ce dimanche s’annonce révélateur de l’état des rapports de force entre les différents partis politiques, aux dépens des véritables enjeux économiques et sociaux.