La tournée africaine du chanteur de rock irlandais Bono et du Secrétaire américain au Trésor, Paul O’Neill, est terminée. Le premier est pour l’annulation de la dette africaine, le second pour le contrôle de l’aide. Jusque-là, rien de nouveau sous le ciel africain. Ceux qui attendaient Bono comme représentant de la bonne conscience en sont pour leurs frais.
La star irlandaise a développé un discours cohérent, économique. Il ne s’est pas satisfait de privilégier l’émotion mais, au contraire, a donné corps à une autre économie, moins mortelle pour l’Afrique. Il a mis le doigt là où ça fait mal. Les pays africains remboursent hebdomadairement 400 millions de dollars à l’Occident pour le service de dettes. Uniquement pour les intérêts. Au profit du Fonds monétaire internationale et la Banque mondiale. Un discours non moraliste.
Paul O’Neill a répété à l’envi, tout au long de son périple, le credo libéral. Oui, il est possible de créer une entreprise en Afrique qui rapporte beaucoup d’argent. Il suffit juste d’avoir une bonne éducation et des moyens financiers. Juste ça. Quand Bono lui explique qu’il faut qu’il y ait une route pour aller à l’entreprise, des écoles pour avoir une éducation, de manger à sa faim avant d’avoir de l’argent, le grand argentier du monde rétorque que cela est possible avec le contrôle effectif de l’aide que l’Occident envoie en Afrique.
Parlons de cette aide mystérieuse. Alors que le gouvernement Bush injecte plus de 100 milliards de dollars pour les agriculteurs américains, l’Afrique ne reçoit que 10 milliards de dollars.
Pendant les 10 jours qu’a duré la tournée, « 55 000 personnes sont mortes du sida, 400 millions de dollars ont été dépensés par les Africains pour le remboursement des dettes et 14 000 mères ont transmis le virus VIH à leurs enfants ». Dixit Bono.