Du haut de ses quinze printemps, elle a compris et se bat avec détermination pour l’un des plus grands enjeux de son temps : la préservation de l’environnement. Inspirée par la célèbre Greta Thunberg, Leah Namugerwa mène, depuis un an, dans son Ouganda natal, la lutte contre le réchauffement climatique, la déforestation, la dégradation des zones humides ; en un mot, les grands problèmes environnementaux. Seule au départ dans ce pays d’Afrique de l’Est, Leah Namugerwa a de plus en plus de soutien. Allons à la découverte de cette jeune « activiste du climat », comme elle-même se définit.
Depuis l’année 2018, la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier, la protection de l’environnement, en général, a pris un nouveau virage dans le monde, avec l’entrée en lice d’une jeunesse engagée et déterminée dont le porte-étendard est la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, aujourd’hui âgée de 17 ans. Dès lors, l’ « effet Thunberg » agite toute la planète, faisant naître des vocations sur tous les continents, surtout dans le rang des jeunes adolescentes. En Afrique, la première figure qui fait écho à ce mouvement est Leah Namugerwa, une jeune Ougandaise de 15 ans. Originaire du district de Mukono, dans le centre de l’Ouganda, une région qui a subi une forte déforestation en raison de l’extension de la capitale, Kampala, Leah Namugerwa s’est très tôt sentie concernée par le combat de Greta Thunberg.
Une adepte du mouvement Fridays for future
C’est en février 2019 que la jeune Leah Namugerwa a commencé à manifester son engagement dans la lutte pour la défense de l’environnement, en organisant, dans une banlieue de Kampala la première grève scolaire pour le climat, dans le cadre du Fridays for future, lancé en novembre 2018 par Greta Thunberg. La jeune fille manquait les cours, chaque vendredi, descendait dans la rue avec une pancarte véhiculant un message comme celui-ci : School strike for climate (grève scolaire pour le climat). Seule au départ, l’adolescente, convaincue de la justesse de son combat, a maintenu le cap, contre vents et marées. « Je sentais que je faisais ce qu’il fallait, que j’étais sur la bonne voie, mais pour la plupart des gens, dont des membres de ma famille, ça leur semblait bizarre. Ils me regardaient étrangement, secouaient leur tête comme s’ils n’y croyaient pas, pendant que je tenais mes pancartes », rapporte-t-elle.
Mais le soutien de ses parents lui a été d’un grand secours pour faire face aux critiques de la société. « Des gens m’ont critiquée. Ils disent qu’à mon âge, le vendredi, je devrais être en cours et pas dans les rues à faire grève. C’est une bonne chose que mes parents m’aient soutenue et encouragée ».
Un an après le début de l’aventure, le mouvement porté par Leah Namugerwa prend de plus en plus d’ampleur. Un nombre croissant de jeunes de son âge la suit dans sa grève des vendredis, faisant de l’Ouganda, l’un des principaux points focaux du militantisme juvénile pour la cause environnementale en Afrique. Leah Namugerwa se sent de plus investie d’une lourde responsabilité.
Ses combats
En mai 2019, l’ « activiste du climat » lance dans son pays, l’Ouganda, une campagne contre l’usage des sacs en plastique. Dans ce sens, elle a adressé une invitation spéciale au Président Yoweri Museveni pour interdire l’usage de ces sacs dont les nuisances sur l’environnement sont un secret de polichinelle. Le hashtag de cette campagne fortement médiatisée sur les réseaux sociaux, #BanPlasticUG, a fait le tour de la planète, traduisant l’intérêt des milliers d’individus pour ce combat.
Plus engagée que jamais, la jeune militante a fait de la célébration de son quinzième anniversaire, en août dernier, une occasion de poser un acte d’une haute portée symbolique. Au lieu de festoyer avec sa famille et ses amis, Leah Namugerwa a préféré profiter de ce jour pour mettre en terre 200 plants afin de lutter, à sa manière, contre la déforestation, l’une des causes du réchauffement climatique.
Dans son action, l’activiste met à contribution les réseaux sociaux afin de toucher le public le plus large. Tenez ! Sur Twitter où elle est inscrite depuis le début de son engagement pour la cause environnemental, en février 2019, on peut compter 1 883 tweets.
Des résultats de plus en plus visibles
Motif de satisfaction personnelle, Leah se fait de plus en plus entendre dans le monde, en commençant par l’Afrique de l’Est où elle a déjà pris la parole à des conférences internationales, comme l’AFI Global Policy Forum, qui s’est tenu à Kigali, du 11 au 13 septembre 2019. A cette occasion, le discours poignant de la jeune militante sur l’urgence climatique a été fortement ovationné par toute l’assistance : « Si les adultes ne sont pas prêts à prendre l’initiative, moi et d’autres enfants nous leur montrerons la voie. Pourquoi est-ce que je devrais regarder sans rien faire, quand des injustices environnementales se déroulent sous mes yeux ? », s’interrogea-t-elle.
Une autre preuve du succès de son combat, c’est la forte participation des jeunes Ougandais aux manifestations du 20 septembre 2019 décrété journée de mobilisation de la jeunesse mondiale contre le réchauffement climatique. En effet, ils étaient des centaines à marcher aux côtés de Leah Namugerwa, ce jour-là, avec des pancartes véhiculant des messages variés dont le seul but est de toucher le cœur des autorités, à divers niveaux, pour les amener à réagir à l’urgence climatique. « Combien de personnes doivent mourir avant que vous n’agissiez ? », avait inscrit sur sa pancarte, Cissy Mukassa, 12 ans.
Convaincus de la justesse de la cause défendue par ces enfants, des adultes militant dans des organismes de préservation de l’environnement se sont joints à eux dans leur marche, rehaussant davantage la portée de l’événement. « On ne donne pas aux problématiques liées au changement climatique la priorité qu’on devrait leur donner (…). Mais grâce à notre campagne, le débat commence à prendre maintenant », fait observer Leah Namugerwa.
Entre 2005 et 2011, l’Ouganda faisait partie des pays où le taux de déforestation était le plus élevé au monde (2,7% de forêts perdues par an). Puisque 70% environ des forêts se trouvent sur des propriétés privées, de petites subventions (28 dollars par an et par hectare de forêt) avaient été accordées, en 2017, aux propriétaires terriens pour les amener à ne pas couper les arbres qui sont sur leurs terres. Le résultat de cette expérience a été spectaculaire : la déforestation a été réduite de moitié.
Mais pour Leah Namugerwa, les autorités n’en font pas encore assez. Elles doivent faire davantage de la protection de l’environnement la priorité, car c’est de l’avenir de la jeunesse qu’il est question. Les jeunes « doivent dire ce qu’ils ont sur le cœur. Si on ne le fait pas, notre avenir n’est pas garanti. Les dirigeants actuels ne seront plus là, mais nous, nous le serons et nous souffrirons des conséquences de leur inaction », soutient-elle.