Dans une situation précaire après des décennies de gestion désastreuse, le Zimbabwe mise sur les revenus lucratifs de l’or pour soutenir une économie ravagée par la corruption, l’hyper-inflation et plus récemment la pandémie du Covid-19.
La crise sanitaire mondiale n’a pas terni la valeur du métal précieux : l’once d’or a atteint un nouveau record en août, passant pour la première fois la barre symbolique des 2 000 dollars (plus de 1,1 milliard FCFA). Le Zimbabwe compte bien en faire un remède miracle à une économie exsangue minée par le chômage, le manque d’argent liquide, d’essence et même d’électricité et d’eau.
Le secteur minier représente habituellement 60% des exportations du pays, rapportant 1 milliard de dollars (557,5 milliards FCFA) par an, et attire 50% des investissements directs étrangers, a récemment rappelé le Président Emmerson Mnangagwa. Le gouvernement table sur des revenus annuels issus des exportations minières atteignant plus de 10 milliards d’euros (6 560 milliards FCFA) en 2023. L’or serait la matière première pour pouvoir renflouer à nouveau les caisses.
Le secteur minier passera d’une contraction de 4,1% en 2020 à une croissance de 7,7% l’année prochaine, selon les projections du ministre zimbabwéen des Finances, Mthuli Ncubel, lors d’une présentation budgétaire. Mais l’or et ses atours attirent aussi corruption, contrebande et scandales qui ne font qu’émerger, et se multiplier.
L’activité minière est dominée par de petites entreprises, facilitant les petits trafics. Le gouvernement a récemment estimé que plus d’un milliard d’euros se volatilisent chaque année, des mineurs individuels nourrissant des commerces illicites d’or. La semaine dernière, une responsable du secteur minier aurait été arrêté à l’aéroport d’Harare avant d’embarquer pour Dubaï, avec six kilos du métal précieux dans son bagage à main, d’une valeur de plus de 300 000 euros (197 millions FCFA) sur le marché international.
Par ailleurs, le premier producteur d’or au Zimbabwe, RioZim a annoncé, en juin, l’arrêt de sa production, en raison notamment d’une pénurie de devises étrangères. Les restrictions à la possession de devises étrangères édictées par la Banque centrale zimbabwéenne, aggravées par un taux de change fixe, met les rares opérateurs d’envergure en difficulté.
Les exportateurs d’or ne sont en effet autorisés à convertir que 70% des revenus de leurs ventes en monnaie étrangère, le reste étant libellé en dollars zimbabwéens.