Robert Mugabe ne veut pas quitter le pouvoir, en dépit des nombreux appels à la démission qui ont émané de la communauté internationale ces derniers jours. Pour mettre fin au regain d’intérêt que suscite son pays depuis son appel à l’aide pour juguler l’épidémie, le président zimbabwéen a déclaré jeudi qu’il n’y avait « plus de choléra ». Le même jour, l’Union africaine a annoncé qu’elle faisait un don de 100 000 dollars US au Zimbabwe pour l’aider à endiguer la maladie. Mais elle s’est abstenue de commenter la situation politique du pays.
L’entêtement de Robert Mugabe à rester au pouvoir n’a d’égal que le drame que vivent les Zimbabwéens. Crise politique, inflation record, pénurie de pétrole et aujourd’hui épidémie de choléra… L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a répertorié, jeudi, 783 victimes. L’épidémie s’est répandue jusqu’en Afrique du Sud. Le nord du pays, frontalier du Zimbabwe, a été déclaré « zone de catastrophe ».
Mugabe et le choléra, les deux maux qui minent le Zimbabwe
Face à l’ampleur de la crise sanitaire, Robert Mugabe, le chef de l’Etat zimbabwéen, s’est résolu la semaine dernière à faire appel à l’aide internationale. Une demande tardive, selon les organisations humanitaires. L’épidémie de choléra a de nouveau mis le Zimbabwe dans la ligne de mire de la communauté internationale. En Afrique, le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, a estimé que les gouvernants africains devraient « chasser » leur homologue zimbabwéen du pouvoir.
Les Occidentaux n’en pensent pas moins et, depuis le week-end dernier, des appels à la démission ont émané des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et plus récemment de la Belgique. « Nous ne voulons pas que les Belges nous fassent la leçon quand leurs mains sont pleines du sang du Congo », a rétorqué le ministre zimbabwéen de la Communication a l’appel à la démission des autorités belges.
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a été la première, vendredi dernier, à demander à Robert Mugabe de quitter le pouvoir. Samedi, c’était au tour du Premier ministre britannique Gordon Brown d’exprimer son exaspération face à l’achoppement des négociations entre l’opposition menée par Morgan Tsvangirai et le pouvoir et à l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe le pays. Pour lui, la communauté internationale doit dire « trop, c’est trop » à l’octogénaire qui dirige le Zimbabwe.
Les dirigeants africains appelés à la rescousse
Le président français Nicolas Sarkozy s’est montré beaucoup plus précis ce lundi en déclarant que Mugabe « (devait) partir». «Toutes les structures de base en matière d’éducation, de santé, d’alimentation, de services sociaux et sanitaires sont inopérantes » au Zimbabwe venait de lui confier « The Elders ». Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies, et l’ancien président américain Jimmy Carter, font partie de ce groupe de sages. George Bush, le président américain, confirmait le lendemain les propos de sa secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. « Comme mon administration l’a fait savoir, il est temps que Robert Mugabe parte », a déclaré George Bush dans un communiqué de la Maison Blanche. Il a aussi invité les dirigeants africains à forcer leur homologue à abandonner le pouvoir.
Les multiples menaces et le renforcement des sanctions de l’Union européenne contre 178 dignitaires du régime (gel des avoirs et interdiction de voyager) ont fini par avoir raison de l’appel à l’aide du chef de l’Etat zimbabwéen. Ce dernier estime que les Occidentaux prennent pour prétexte cette épidémie de choléra pour déstabiliser son régime. Robert Mugabe a ainsi accusé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de préparer « une invasion ». Il a donc décidé de façon unanime de mettre fin à l’épidémie de choléra. Il n’y a « plus de choléra » a fait savoir ce jeudi Robert Mugabe. Pourtant, jusqu’à 60 000 personnes seraient menacées par la maladie, selon l’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) qui gèrent cette épidémie.
L’Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu’elle faisait un don de 100 000 dollars US au Zimbabwe afin de l’aider à endiguer l’épidémie de choléra. Elle a également demandé aux gouvernements africains et à leurs partenaires étrangers d’aider le gouvernement zimbabwéen à lutter contre ce fléau. Mais, dans son communiqué, l’UA n’a fait aucun commentaire sur la situation politique du pays et les appels à la démission lancés par les Ocidentaux.