La Coupe du monde de cricket organisée en Afrique australe en février prochain prévoit la tenue de six matchs au Zimbabwe. L’Angleterre et l’Australie menacent de boycotter ces rencontres. Les deux pays refusent de cautionner le régime du président Robert Mugabe, accusé de graves violations des droits de l’Homme.
La Coupe du monde de cricket 2003 est organisée conjointement par l’Afrique du sud, le Kenya et le Zimbabwe. Les six matchs prévus dans ce dernier pays, dont le président, Robert Mugabe, est accusé de violations envers les droits de l’Homme, a soulevé une polémique qui a poussé les autorités politiques britanniques et australiennes à intervenir. Tardivement, puisque la décision d’autoriser le Zimbabwe à organiser ces matchs a été prise dès novembre par le Conseil international de cricket (CIC). En vain aussi, puisqu’elles rejettent sur les instances sportives la responsabilité d’une interdiction des matchs.
Une polémique tardive
Le Zimbabwe, en accueillant six matchs de poule, est de longue date co-organisateur avec l’Afrique du sud et le Kenya de la coupe du monde de cricket prévue à partir de février. Sans autre considération que la sécurité, une délégation du CIC après trois jours d’inspection, en novembre 2002, a autorisé le pays à organiser ces matchs. Or le Président zimbabwéen est accusé par nombre d’ONG de violations des Droits de l’Homme et de persécution envers ses opposants. Il est également à l’origine de l’éviction des fermiers blancs détenteurs des principales terres du pays.
Six pays sont censés jouer leur match de poule au Zimbabwe (Groupe A : Angleterre, Australie, Pakistan, Namibie et Pays-Bas). C’est en Angleterre et en Australie qu’est née la polémique.
Une décision en suspend
Pressées par les campagnes de presse contre la tenue de ces matchs, les autorités anglaises et australiennes ont attendu fin décembre pour réagir. Mais si elles s’opposent l’une comme l’autre à la tenue de ces matchs, elles refusent d’obliger leurs équipes à perdre par forfait, estimant que c’est aux instances sportives de prendre une telle décision. Lesquelles éludent toute responsabilité morale quant à l’événement en expliquant qu’elles n’ont pas à s’occuper de politique.
Quant aux premiers concernés, les joueurs, ils promettent de s’en remettre à la décision des gouvernements de leur pays. Nasser Hussain, le capitaine de l’équipe anglaise, précise tout de même qu’ « il ne faut pas se voiler la face et que la décision de jouer ou non est importante ». Seule la CIC reste ferme et refuse de revenir sur sa décision. Son président prévient même que les équipes qui refuseront de jouer auront match perdu.
Une personnalité semble prendre la mesure des événements. David Graveney, qui fut l’un des leaders anglais du boycott en 1990 de la coupe du monde de Cricket en Afrique du Sud. Il tranche et affirme que « c’est un problème de conscience individuelle » et que personnellement, il ne jouerait pas ces matchs.