Les autorités zimbabwéennes ont dévalué le dollar zimbabwéen de 93% afin de garder compétitives les exportations nationales, de relancer les investissements intérieurs et d’endiguer le marché parallèle de devises. Un bol d’air pour les opérateurs économiques qui ont accueilli la nouvelle avec soulagement et satisfaction.
Un dollar américain contre 800 dollars zimbabwéens (ZD), le Zimbabwe a dévalué, mercredi dernier, la monnaie nationale de 93%. La mesure vise à maintenir la compétitivité du pays et à redonner des couleurs à des exportateurs moribonds. La dévaluation, bien que partielle, est vécue comme véritable soulagement par l’ensemble des opérateurs économiques.
Fixé initialement à 55 ZD pour un dollar américain en octobre 2000, le taux de change a été modifié après la réunion du Forum tripartite de négociation réunissant le ministère des Finances, la Confédération des industries du Zimbabwe, la Confédération des employés du Zimbabwe et le Congrès des syndicats zimbabwéens. L’annonce officielle a été faite alors que le chef de l’Etat, Robert Mugabe, était en France pour le Sommet France – Afrique.
Doper les exportations
Les exportateurs ont désormais le droit de convertir, au nom du Programme national de reprise économique, la moitié de leurs devises étrangères à un taux de change plus compétitifs (l’autre moitié devant être échangée à la Banque centrale à l’ancien taux). Et décupler leur chiffre d’affaires en monnaie nationale. Une manne financière supplémentaire est appelée à gonfler les investissements dans le pays.
Une disposition légale qui coupe, en partie, l’herbe sous le pied au change parallèle au Zimbabwe, où un dollar US s’échange à près de 1 600 ZD. Même si, avec 208% d’inflation en janvier, le marché noir de devises a encore de beaux jours devant lui. Les Zimbabwéens n’ont plus confiance dans une monnaie qui ne cesse de se déprécier. Ils préfèrent se rabattre sur une devise stable qui saura leur assurer un relatif pouvoir d’achat.
Revers de la médaille
Le Zimbabwe, qui traverse actuellement l’une des plus importantes crises de son histoire est acculé à l’obligation d’opérer des réformes économiques pour empêcher le pays de sombrer. Si la dévaluation de la monnaie apparaît comme une bonne nouvelle aux yeux de la population, les sourires de soulagement risquent bientôt de se crisper avec le quadruplement annoncé du prix de l’essence bloqué depuis juin 2001. Une augmentation logique, compte tenu du fait que les Libyens, qui assuraient 70% des besoins zimbabwéens en hydrocarbures, ont décidé de mettre fin à leurs activités dans le pays, suite aux impayés colossaux de l’Etat.
Le ministre des Finances, Herbert Murewa, a également annoncé l’augmentation de 30% des taux d’intérêt. Une mesure a destination des épargnants qui, en renchérissant l’emprunt, devrait malheureusement jouer en défaveur de l’investissement intérieur. L’Etat tâtonne pour trouver un nouvel équilibre. Pour salutaire qu’elle soit, la dévaluation de la monnaie ne peut être qu’une solution de court terme. Un répit qui ne saurait être le remède miracle pour un problème qui dépasse le simple cadre économique. Le Zimbabwe reste un pays très controversé sur la scène politique internationale. Une situation qui ne semble pas en passe de s’améliorer puisque l’Union européenne a décidé de reconduire son boycott à l’égard du gouvernement Mugabe.