Le Zimbabwe a été élu de justesse à la tête de la commission de l’ONU pour le développement durable, vendredi, à New York. Son gouvernement est critiqué internationalement pour ses orientations politiques et économiques. L’UE et la Suisse ont fait entendre leurs objections à cette nomination.
Avec 26 voix contre 21, le Zimbabwe a été élu vendredi pour présider la commission de l’ONU pour le développement durable 2007-2008, malgré l’opposition des pays occidentaux tel que la Grande Bretagne. « L’élection du Zimbabwe sera perçue comme une insulte par des millions de gens qui se tournent vers les Nations unies pour les aider à échapper à la pauvreté » a déclaré, peu après le vote, Ian Pearson, ministre britannique chargé de l’environnement et du réchauffement climatique.
Depuis 2000, les relations entre Harare, capitale du Zimbabwe, et Londres n’ont fait que se dégrader, à la suite d’une réforme agraire mise en place par le régime du président Robert Mugabe. Cette réforme avait pour but d’exproprier sans négociations ni aucune compensation les fermiers blancs, descendants pour la plupart des anciens colons britanniques représentant 1% de la population, et possédant encore aujourd’hui 70% des terres cultivables. Avec la corruption, cette expropriation est considérée comme l’un des principaux facteurs de la crise économique que traverse le Zimbabwe depuis l’indépendance en 1980. « Désigner un représentant d’un pays qui a dévasté son agriculture, qui était autrefois le grenier de l’Afrique et qui ne peut même plus se nourrir aujourd’hui, remet en question la crédibilité de l’organisation », a affirmé Daniel Reifnyder, vice- secrétaire adjoint américain à l’Environnement.
De plus, les pays de l’Union européenne et la Suisse, regrettant que les travaux de la Commission n’aient pas permis de fixer des objectifs clairs au sujet développement des énergies renouvelables, estiment que le Zimbabwe ne peut réussir à améliorer la situation.
Les votes viennent d’ailleurs
L’Union Africaine, quant à elle, a apporté son soutien au Zimbabwe. La Grande-Bretagne aurait irrité plusieurs délégations africaines en faisant pression sur elles afin qu’elle ne votent pas pour le Zimbabwe. Elles ont décidé alors de faire bloc autour de la candidature. « Toute cette histoire aurait pu être évitée avec un peu plus de diplomatie » a déclaré un ambassadeur africain à l’ONU.
Ainsi, les différents pays de l’Union Européenne considèrent qu’il serait paradoxal que le Zimbabwe occupe ces fonctions étant donné qu’il ne s’en préoccupe pas dans son pays au départ. Durant son mandat, le Zimbabwe devra donc faire ses preuves et montrer que malgré l’image que le pays véhicule, il sera apte à accomplir ses différentes tâches et apporter des résultats positifs concernant le développement durable.