Le ministre des Finances zimbabwéen a annoncé mardi le remplacement du billet de 500 $Z par un autre, de même valeur, dans soixante jours. Le gouvernement suppose que les Zimbabwéens thésaurisent en réaction à la crise que connaît le pays. Il espère ainsi les pousser à se séparer de leurs précieuses coupures pour renflouer une Banque centrale à court de liquidités.
« Le gouvernement va introduire un nouveau billet de 500$Z dans les 60 jours. A l’issue de ce délai, le billet actuel de 500 $Z cessera d’avoir cours », a déclaré mardi le ministre des Finances zimbabwéen Herbert Murerwa. Par cette mesure, le gouvernement espère renflouer la Banque centrale, à court de liquidités, en poussant les citoyens à remettre leurs billets dans le circuit bancaire. Dans ce sens, il a annoncé l’institution prochaine d’une loi interdisant la thésaurisation. La crise économique que connaît le Zimbabwe est si aiguë que depuis cinq mois, la Banque centrale ne dispose plus d’assez de devises pour payer le papier et l’encre qui lui permettent de frapper monnaie. L’inflation, officiellement proche de 400% mais que les spécialistes économiques estiment plus autour de 1 000%, fait que le coût de production d’un billet de 500$Z est d’environ 800$Z, selon Radio France Internationale. Le prix de revient du nouveau billet promet ainsi d’être revu à la baisse.
Le lancement d’un nouveau billet d’une valeur de 1 000$Z, initialement prévue pour novembre et appelé à devenir la plus grosse coupure zimbabwéenne, a été avancé au début du mois d’octobre. Des mesures annoncées un jour après une vigoureuse semonce du Fond monétaire international (FMI), qui a stigmatisé les « politiques inappropriées » menées par le régime Mugabe.
Ultimatum
La Banque centrale a injecté 700 millions de dollars zimbabwéens par jours dans l’économie mais cela n’a pas permis de combler le déficit, a expliqué Herbert Murerwa au cours de son intervention. Ce week-end, les banques ont été dans l’incapacité de satisfaire leurs clients venus récupérer leur paie. Depuis, les files d’attentes à l’entrée des organismes financiers s’ajoutent à celles qui encombrent les stations service d’Harare depuis déjà plusieurs mois. Pour pouvoir accéder aux pompes à essence, certains vont jusqu’à participer au marché de cadavres qui s’est développé en périphérie de la capitale : les automobilistes qui transportent une dépouille sont en effet prioritaires.
Devant cette situation, le secrétaire général du Congrès zimbabwéen des syndicats (ZCTU) a réclamé des explications au ministre des Finances en lui imposant un ultimatum : « La ZCTU donne 14 jours ouvrés à votre ministère pour (…) fournir une solution à long terme, sans quoi, les ouvriers seront dans l’obligation d’engager une action de masse ». La même menace a été proférée par le Mouvement travailliste, alors que le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai, voyait dans « le déficit actuel de liquidités l’incarnation de l’échec des politiques menées par le Zanu-PF (parti de Robert Mugabe, ndlr) ».