Le Wax : un tissu symbole de l’Afrique, mais d’origine étrangère


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Wax

Le wax est souvent perçu comme un symbole de l’Afrique, reconnaissable à ses motifs vibrants et ses couleurs éclatantes. Pourtant, derrière cette image d’authenticité se cache une réalité moins connue : le wax, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est en réalité un produit d’exportation.

L’histoire de ce tissu défie les idées reçues.

La genèse du wax : De l’Indonésie à l’Afrique

Le wax trouve ses origines dans les traditions textiles d’Indonésie, où les artisans javanais utilisaient la cire pour imprimer des motifs sur le coton. Ce procédé ancestral, appelé batik, fut rapporté en Europe par les colonisateurs anglais et hollandais. La technique fut ensuite adaptée pour conquérir le marché africain. Des motifs vifs furent conçus pour séduire les consommateurs de la Gold Coast, l’ancêtre du Ghana moderne.

En Afrique de l’Ouest et centrale, le wax se répandit grâce aux Hollandais, mais l’essentiel de la production de ce tissu est resté sous contrôle européen. Aujourd’hui encore, une majorité des modèles de wax proviennent des Pays-Bas, et le « made in Africa » reste rare.

Le wax aujourd’hui : entre globalisation et authenticité

Malgré son histoire d’exportation, le wax a été largement adopté et intégré dans la culture africaine. En Afrique, il est devenu un tissu de choix pour diverses cérémonies et occasions spéciales. Les communautés locales ont donné au wax une signification culturelle et identitaire, même si son origine est étrangère.

Marie-Jeanne Serbin-Thomas, fondatrice du magazine Brune et experte en mode, souligne que le wax est comparé aux produits américains comme les boissons gazeuses : consommé en Afrique mais non d’origine africaine. Selon elle, la véritable richesse textile de l’Afrique est souvent éclipsée par cette importation.

Le wax comme symbole culturel : réalité ou illusion ?

Les créateurs africains tels qu’Imane Ayissi et Aweni, fondatrice de Woen-Ilga, réagissent à cette appropriation culturelle en mettant en avant des tissus authentiques et traditionnels comme le raphia, le faso dan fani, et le kenté. Pour eux, le wax, bien que populaire, ne doit pas occulter la diversité et la richesse des textiles africains.

Aweni, par exemple, utilise le wax avec passion mais souligne que l’essentiel est l’appropriation culturelle. Pour elle, le fait d’être Africaine et d’utiliser de la main-d’œuvre locale est plus important que l’origine du tissu. Elle a réussi à moderniser le wax pour le rendre accessible au quotidien, tout en respectant ses racines culturelles.

Le dilemme économique : entre tradition et modernité

Le wax, malgré son origine étrangère, continue de jouer un rôle économique important en Afrique. Les créateurs et les vendeurs locaux dépendent de sa popularité pour gagner leur vie. Marianne Sodogandji, fondatrice de la marque Eldior Sodeck, souligne que la réalité commerciale est complexe : le wax est accessible et omniprésent, tandis que d’autres tissus traditionnels comme le Bogolan sont plus coûteux et moins disponibles.

Elle appelle à une reconnaissance de la réalité économique des personnes impliquées dans le commerce du wax, tout en encourageant une valorisation des textiles africains authentiques.

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