Deux femmes voilées partisanes de Barack Obama ont été empêchées, la semaine dernière, d’apparaître aux côtés du candidat démocrate à la Maison Blanche lors de meetings. Ce dernier s’est empressé de s’excuser auprès de ces femmes. Mais dans un pays où l’islam est mal vu, l’équipe du candidat démocrate fait tout pour qu’il n’y soit pas associé associé.
Une nouvelle polémique est née, lundi dernier, outre-Atlantique. Deux partisanes du candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine ont été privées de podium lors des meetings assurés par Barack Obama. Leur seul tort : porter le hidjab, ou voile islamique. Des volontaires de la campagne de Barack Obama ont ainsi empêché Hebba Aref et Shimaa Abdelfaadel de figurer parmi les spectateurs formant l’arrière-plan visuel du candidat lors de deux rassemblements électoraux à Détroit, dans le Michigan (nord des Etats-Unis), où réside une forte communauté musulmane. Selon une personne qui accompagnait Mme Aref au meeting, un bénévole de la campagne a explicitement invoqué «le climat politique» pour justifier sa mise à l’écart des podiums. Quant à Shimaa Abdelfaadel, on lui avait expliqué qu’aucune personne ayant la tête couverte, y compris celles portant des casquettes, n’était autorisée à s’asseoir derrière le candidat.
Un rejet mal vécu par les deux jeunes femmes. «J’étais venue pour le soutenir, et je me suis sentie discriminée par la personne même qui était censée apporter le changement», a témoigné Mme Aref, une avocate de 25 ans, citée par Politico.com. Les réactions des instances musulmanes américaines ne se sont pas faites attendre. Le Council on American Islamic Relations (CAIR), groupe musulman chargé de la défense des droits civils, a réclamé, jeudi, des excuses pour laver l’affront et surtout combattre les sentiments anti-musulmans, très vifs aux Etats-Unis.
Obama s’excuse, mais le fond du problème reste là
Des excuses obtenues dès le lendemain de la part du candidat. « Les actions de ces volontaires sont inacceptables et ne reflètent en rien les actions de ma campagne », a déclaré vendredi M. Obama, ajoutant qu’il est « profondément blessé » par l’attitude de ces bénévoles. Les responsables de sa campagne, qui ont aussi présenté leurs excuses, ont expliqué que les bénévoles avaient agi de leur propre initiative et n’avaient reçu aucune instruction en ce sens. Preuves à l’appui : des photographies prises à d’autres moments de la campagne, montrant des femmes voilées entourant le candidat démocrate. « Je continuerai à me battre contre toute discrimination visant un groupe religieux ou une origine en particulier. Notre campagne vise à rassembler les gens et je sais gré à Mme Abdelfadeel d’avoir accepté nos excuses, et j’espère que Melle Aref et quiconque s’est senti offensé accepteront également ces excuses », a affirmé M. Obama.
«Même si nous saluons les excuses (…), nous sommes extrêmement inquiets concernant le niveau d’islamophobie dans notre société, qui pourrait encourager d’autres minorités à considérer des partisans musulmans comme étant des handicaps potentiels», écrit dans un communiqué un responsable du CAIR, Corey Saylor. En effet, cette polémique intervient à l’heure où le candidat démocrate fait régulièrement face à des rumeurs affirmant que Barack (Hussein) Obama est de confession musulmane tout comme son père. Alors tous les moyens sont bon pour se défaire de cette image qui lui colle tant à la peau. Parmi eux, le dernier-né de sa stratégie de campagne : son site anti-rumeurs, lancée voici deux semaines, dans lequel il réaffirme fermement ses convictions chrétiennes.
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