A Rome, Paul Kagame veut apaiser les relations entre son pays et l’église catholique, mises à mal par la participation d’écclésiastiques rwandais au génocide de 1994.
Le président rwandais Paul Kagame poursuit, à l’étranger, la politique de réconciliation entamée dans son pays depuis son élection en avril dernier. Cette semaine au Vatican, il a participé au » Jubilé des politiques « , une manifestation organisée dans le cadre de l’année-anniversaire du second millénaire de la naissance du Christ.
Ni le Saint-Siège, ni la présidence rwandaise n’ont souhaité rendre compte des échanges de Paul Kagame avec le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat. » Entretiens privés « , affirme-t-on au Vatican.
» Le rapport entre la foi et la politique est souvent ambigu et toujours précaire. Les unir sans les confondre, les distinguer sans les séparer : telles sont les deux exigences qui inspirent la conduite des chrétiens et de leurs communautés. » Ces propos, tenus mercredi à Rome par le cardinal Jean Etchegaray, ont dû résonner avec une force particulière aux oreilles de Paul Kagame. La succession de mises en causes et de procès de prêtres et de religieuses rwandais dans le génocide de 1994 a particulièrement traumatisé les Rwandais. D’autant que l’attitude du Vatican a consisté, jusqu’à présent, à » couvrir » les atrocités commises par des religieux quand ceux-ci étaient de haut rang.
Jean-Paul II comme Sankara ?
En se rendant à Rome, Paul Kagame a donc accompli un geste politique majeur dans le sens de la réconciliation qu’il prône. Cette visite s’inscrit bien dans le prolongement de la conférence de réconciliation nationale inaugurée le 19 octobre dernier à Kigali.
Peut-être ce chef d’Etat volontiers vindicatif à l’encontre du Nord pourra-t-il, en retour, s’appuyer sur ces paroles recueillies lors de son voyage italien : » Avec le phénomène de la mondialisation des marchés, les pays riches tendent à améliorer davantage encore leur situation économique, tandis que les pays pauvres (…) tendent à sombrer dans des formes de pauvreté toujours plus pénibles. » Ces phrases n’ont pas été prononcées par un homologue de Paul Kagame, chef comme lui d’un Etat en développement, mais par le pape Jean-Paul II.
Les discours du pape aux hommes politiques :