Peu connu du grand public, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest assure le lien entre les acteurs de terrain et les bailleurs de fonds internationaux. Un rôle d’interface pour cette instance de l’OCDE, plate-forme active d’échanges informels, chargée de traduire les besoins d’en bas pour optimiser l’aide d’en haut.
Personne ou presque, parmi le grand public, ne connaît le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Et pourtant, la structure, rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), existe depuis 1977. Tournant majeur opéré il y a trois ans dans ses orientations de travail, la nouvelle politique du Club consiste à assurer l’adéquation entre les besoins de terrain et l’aide internationale.
« Notre rôle est de mettre les acteurs à la portée des décideurs », explique Jacqueline Damon, directrice du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. « Il s’agit pour nous de décrypter et d’accompagner les besoins du terrain pour les rendre plus intelligibles auprès des bailleurs de fonds. Nous jouons un rôle d’interface ». Mais tel n’a pas toujours été le cas. « À l’origine, nous n’avions pas d’implications opérationnelles, nous n’étions pas branchés sur les besoins des acteurs. C’est notre ancien président, Joan Boer (remplacé depuis par Thérèse Pujolle, ndlr), qui a redéfini notre mission en 2001 ».
Applications concrètes
Forum d’échanges, le Club souhaite opérer un travail de fonds en s’affranchissant du formalisme traditionnel des organisations internationales. « Les dialogues entre les bailleurs de fonds et les pays africains tournent toujours autour de négociations financières. Nous offrons un domaine neutre d’échanges pour les discussions. Nous ne discutons pas de théories, nous échangeons sur la base d’expériences réalisées pour en sortir des applications concrètes », précise Papa Demba Thiam, administrateur principal au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
S’il est rattaché à l’OCDE, le Club bénéficie de son propre conseil d’administration – ou Groupe d’orientation des politiques – et de son propre mode de financement, basé sur une contribution volontaire des Etats membres de l’OCDE. Une double autonomie qui lui permet une grande liberté d’actions dans l’exécution de son programme de travail dont le pivot reste la compétitivité des économies ouest-africaines.
Le rendez-vous de Dakar
L’OCDE organise les 23, 24, 25 et 26 avril prochain à Dakar une Conférence internationale sur le commerce et l’investissement. « Un événement de taille », commente Papa Demba Thiam. La Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale du commerce et surtout 52 chefs d’Etat africains sont, en effet, attendus pour l’événement. Les synthèses des ateliers techniques – résumés pratiques de solutions qui ont fait leurs preuves – leur seront toutes présentées le dernier jour. Une initiative qui s’inscrit, pour le Club, dans la droite lignée des aspirations du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
« Le Nepad n’est pas une organisation internationale : c’est un partenariat donc une culture et une vision », explique Papa Demba Thiam. « Le Nepad et le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest : c’est un mariage naturel. Nous interfaçons les compétences à la carte et au besoin. Nous apportons de la substance au Nepad, nous le matérialisons. » Le 23 avril prochain à Dakar, le Club sort de l’ombre pour montrer le fruit de trois années de travail. Et chacun pourra vérifier l’efficacité de l’approche terrain du développement qu’il revendique puisque la Conférence reste ouverte à tous les acteurs engagés dans ce processus.