Un acte symbolique important a été posé dans le conflit du Sahara Occidental, ce 30 juillet 2024. Dans une lettre adressée au roi du Maroc Mohammed VI, le Président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé le soutien indéfectible de la France à la souveraineté marocaine sur ce territoire. Cette prise de position, qualifiée d’historique par certains observateurs, vient ne bouleverse cependant pas un équilibre régional fragile. En effet, le Président français n’ayant plus de majorité il n’engage en rien la France par ses déclarations qui vont à contre-courant du droit international.
Le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole, est, depuis des décennies, au cœur d’un conflit opposant le Maroc, qui en contrôle la majeure partie, au Front Polisario qui revendique l’indépendance de ce territoire. Les Nations Unies considèrent, quant à elles, le Sahara Occidental comme un « territoire non autonome » et ont toujours prôné un référendum d’autodétermination.
« La seule base pour aboutir à une solution politique juste »
Ce 30 juillet 2024, dans une lettre adressée au roi du Maroc Mohammed VI, Emmanuel Macron affirme : « La France considère que le présent et l’avenir du Sahara Occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Le Président français a saisi l’occasion de la Fête du Trône, qui marque l’arrivée au pouvoir en 1999 du roi marocain, pour effectuer cette sortie.
« Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue », a enfoncé Paris. Insistant sur « l’intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour le Maroc ». Un peu plus tôt, un communiqué du Cabinet royal relevait que le Président français a adressé à Mohammed VI une lettre stipulant que le plan marocain « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
Volonté de renforcer les liens bilatéraux avec le Maroc
En soutenant explicitement la proposition marocaine d’autonomie sous souveraineté, Emmanuel macron ne parle pas au nom de la France. En effet, le président français vient de perdre la majorité aux dernières élections législatives et son courrier est donc à titre personnel sur un sujet qui relève des prérogatives du prochain gouvernement. Il reste donc attendre si celui ci s’alignera sur une position qui était jusque-là minoritaire au sein de la communauté internationale. Cette déclaration de Macron serait motivée par plusieurs facteurs, parmi lesquels la volonté de renforcer les liens bilatéraux avec le Maroc, considéré comme un partenaire stratégique dans la région, ainsi que par des considérations de sécurité nationale.
En effet, pour l’Elysée, le Sahara Occidental est désormais perçu comme un enjeu de stabilité régionale et un élément clé de la lutte contre le terrorisme. En soutenant la position marocaine, la France espèrerait contribuer à une solution durable et pacifique au conflit, mais aussi renforcer son influence dans la région. Plus prosaïquement, Emmanuel Macron espère surtout que les entreprises françaises pourront ainsi être parmi les premières à participer aux investissements dans cette région, riche en minerais, phosphates et hydrocarbure. Cependant, cette nouvelle donne suscite de nombreuses réactions.
Accentuer les tensions entre la France et l’Algérie
En effet, si le Maroc s’est félicité de cette décision, qui vient conforter sa position sur la scène internationale, le Front Polisario et l’Algérie ont vivement condamné cette ingérence française dans les affaires internes d’un peuple. Cette prise de position de l’ancienne puissance coloniale ne manquera pas d’engendrer des conséquences. Sur le plan diplomatique, elle risque d’accentuer les tensions entre la France et l’Algérie, deux puissances régionales.
Sur le terrain, il est peu probable que cette décision entraîne une évolution immédiate du conflit et ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir du Sahara Occidental. En effet, il faut désormais attendre la nomination d’un nouveau gouvernement pour connaitre la position officielle de la France. Une position qu’Emmanuel Macron, en bout de course, a tenté d’orienter par son courrier, en échange de contreparties pour l’instant inconnues.