Le tourisme sexuel met en danger les jeunes Sénégalais


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Drapeau du Sénégal
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Le tourisme sexuel expose des gens jeunes. Des personnes particulièrement vulnérables tant physiquement que moralement aux attaques du virus. Explications.

Le tourisme sexuel qui se développe au Sénégal, comme dans la plupart des pays pauvres du monde, n’est pas sans alarmer ONG et professionnels de lutte contre le sida. Les autorités qui avaient décidé de légaliser la prostitution à condition que celles et ceux qui s’y adonnent acceptent un carnet sanitaire assorti d’un suivi médical, voient la prostitution non officielle augmenter de façon alarmante. Jusqu’  » à représenter le triple du nombre des prostituées officiellement recensées « , estime Fatou Diouf, responsable de l’association de lutte contre le Sida et le tourisme sexuel, le Rassemblement sénégalais pour le bien être de la femme (Rasebef).

Les gosses ignorent les risques

Outre qu’une part écrasante du secteur de la prostitution échappe au contrôle des autorités sanitaires, les sex-tourists sont friands de jeunes pousses :  » Ce sont des gosses de 12, 13 ans, elles ignorent tout des risques. A la maison, la sexualité, c’est tabou. On n’en parle pas. Les familles veulent bien qu’elles paient les factures sans se poser de question sur la provenance de l’argent. Mais lorsqu’on les interpelle sur les risques que courent leurs enfants, les famille nient en bloc : le sida, ça n’existe pas. Leur fille se prostitue, je suis une menteuse. La pauvreté pousse beaucoup à fermer les yeux. Dans les zones touristiques de M’Bour ou, chez-moi, à Thies, sur la corniche et la zone de la Petite Côte, les Européens n’ont pas à chercher les filles, elles se bousculent devant leurs chambres d’hôtel. Les  » vraies  » prostituées viennent chez moi se procurer des préservatifs, mais ces gamines, je les rencontre bien souvent trop tard », se lamente Mme Diouf.

 » Beaucoup de clients européens prennent leurs précautions, nuance quant à elle, Martine Brousse de l’association parisienne  » Dessine-moi un mouton « . En utilisant les préservatifs, mais aussi en réclamant des gamins vierges, ce qui est une aberration médicale et ignoble sur le plan éthique « . Pour Fatou Diouf, la réalité est toute autre : « Les filles disent que les hommes ne veulent pas de préservatifs parce que ça leur enlève le plaisir. Les Européens s’imaginent peut-être qu’ils prennent moins de risques avec des jeunes. Tout ce que je sais, c’est que j’ai rencontré des filles de 18 ans qui se prostituaient depuis longtemps et qui ignoraient même ce qu’est une capote « . Quant aux petites filles,  » certaines n’ont même pas conscience qu’elles ont des rapports sexuels ».

Lésions plus fréquentes

A cette ignorance vient s’ajouter un autre élément qui vient aggraver la situation. La précocité des rapports, expose particulièrement les très jeunes filles dont les organes sexuels ne sont pas complètement formés, aux lésions qui favorisent la transmission du VIH.

Résultat :  » Les cas de Sida sont en hausse dans les villages autour des complexes hôteliers. Notamment chez les jeunes et les adolescents « , reconnaît le Dr Ndoye, responsable du Programme national de lutte contre le Sida créé sur instruction des autorités. La structure a renforcé la sensibilisation dans les collèges et les communautés villageoises. Et accru les  » campagnes de prévention dans les hôtels « . Mme Fatou Diouf, elle, arpente les bars pour sermonner les filles. Dans son combat personnel, elle n’a pour arme que quatre machines à coudre (pour initier à une profession plus honorable) un poste de TV, un stock de préservatifs qu’elle vend entre 25 et 45 FCFA pièce et des photos de malades prises à l’hôpital des femmes de Dakar que personne ne veut voir.  » Nous ne soignons pas des prostituées ici « , affirme un médecin de l’hôpital des femmes. « Nous préservons l’anonymat au nom du principe de confidentialité « , corrige-t-on au Programme national de lutte contre le sida.

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