L’industrie touristique égyptienne craint des retombées négatives d’un possible conflit sur le sol irakien. Alors que le secteur se remet à peine des conséquences des attentats du 11 septembre 2001, il s’apprête à affronter une crise de taille.
La perspective d’une guerre en Irak fait frémir le secteur du tourisme égyptien. Les professionnels s’inquiètent de faire partie des » dommages collatéraux » qu’une telle guerre engendrerait. Plus d’un million d’Egyptiens dépendent directement du tourisme et 1,2 million en dépendent indirectement. C’est le premier fournisseur d’emplois pour la population, il occupe 13% du marché du travail (cf statistiques du Centre égyptien pour les études économiques). C’est aussi le secteur qui permet de faire entrer dans le pays le plus de devises étrangères (24,9% de l’apport total de devises étrangères en 2002).
» Nous nous attendons à une perte de 2 milliards de dollars en devises étrangères cette année si la guerre éclate « , déclarait récemment le Dr Mahmoud El Beltagi, ministre du Tourisme égyptien, dans Gulf News. » Les répercussions seront plus importantes que celles du 11 septembre, à la suite duquel nous avions déjà perdu presque 1 million de touristes, passant de 5,5 millions de touristes en 2000 à 4,6 millions en 2001. Alors que les chiffres de 2002 sont excellents, affichant 5,2 millions de touristes, nous nous préparons à affronter une nouvelle crise. C’est vraiment dommage que l’industrie touristique égyptienne dépende toujours des problèmes que connaît le Moyen-Orient. »
Impact très négatif
L’industrie hôtelière est la première à pâtir de la mauvaise image des pays arabes, développée depuis les attentats du 11 septembre. » Le tourisme égyptien est fragile « , explique Ibrahim Fahmy, directeur-général du palace El Gezirah Sheraton. » Il est toujours affecté par des problèmes économiques et politiques. Notre proximité avec Israël et la Palestine brouille les pistes. Dans l’esprit des touristes occidentaux notre pays est dangereux, mais c’est faux. » Pour ce gérant d’hôtels haut de gamme, un conflit en Irak pourrait » dévaster » l’industrie touristique égyptienne. » Il y aura tout d’abord un coup dur porté au trafic aérien, ce qui entraînera des problèmes pour les autres secteurs, hôtellerie et restauration. La guerre aura un impact très négatif pour toute la région. »
Malgré ces projections pessimistes à court terme, les prévisions sur le long-terme du tourisme égyptien ne sont pas si mauvaises, avec une croissance annuelle de 6,7% à l’orée 2020. Pour maintenir ce cap, les autorités égyptiennes misent sur l’innovation et cherchent de nouvelles idées comme le développement du tourisme sportif, l’accueil de conférences ou l’organisation de circuits culturels voire religieux.