Afin de faire face à la crise de la filière du coton, le Bénin a décidé de se lancer dans un projet d’aménagement volontariste de l’espace et de développement régional. Le gouvernement se décide enfin à exploiter les ressources touristiques du pays.
» A quelque chose malheur est bon « , dit le proverbe. On peut dire qu’il se vérifie avec la décision du gouvernement béninois de lancer de grands travaux d’aménagements touristiques pour suppléer le secteur agricole en difficulté. En fait, la crise de la filière du coton, seule véritable culture du Bénin, a révélé la fragilité d’une économie dépendante d’un seul produit agricole d’exportation.
Depuis cette prise de conscience, un projet baptisé Création d’une zone d’aménagement touristique sur la route des pêches a vu le jour. » Nous voulons faire du tourisme un axe majeur de développement économique et social « , explique Hilaire Saponou, conseiller technique au ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Le Bénin, qui dispose au départ d’un capital naturel très riche avec ses plages, ses lagons et ses parcs, n’attendait que cela.
Une filière rentable
Le projet vise à doter le littoral d’une zone d’aménagements touristiques. » Il s’agit du même principe que pour la Petite Côte au Sénégal ou le Languedoc-Roussillon en France. L’opération d’aménagement aura lieu entre Cotonou et Ouidah, soit environ 32 kilomètres de côte « , indique Hilaire Saponou. Hier, le coup d’envoi symbolique de cette campagne a été donné avec une cérémonie du comité technique composé de personnes de divers ministères.
» La nature est une réelle potentialité au Bénin, mais il ne suffit pas d’en disposer, il faut aussi la mettre en valeur « , poursuit le conseiller. L’Etat va donc s’occuper de la viabilisation du site et se charger de l’équipement général, à savoir voiries, transports, électricité, etc. Ensuite, le secteur privé mettra en place les équipements touristiques, c’est-à-dire hôtels, bases nautiques, centres commerciaux et autres. Enfin, la commercialisation du produit sera à la charge des tours opérateurs et agents de voyages.
» Le projet est prévu pour durer 10 ans voire plus. La première phase, qui va s’étaler de 2001 à 2006, coûtera 5 milliards de francs CFA dont 200 millions déjà inscrits au budget 2002 « , indique Hilaire Saponou. Mais ce projet, s’il est prioritaire, n’est pas unique. En effet, d’autres plans s’appliquent à mettre en valeur les sites historiques et culturels béninois ainsi que les parcs nationaux. Le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme ambitionne de recevoir 250 000 touristes dans dix ans contre les 175 000 recensés en 1999. Il espère aussi passer d’un parc hôtelier de 1 500 chambres, dont seulement 500 sont de standing international, à plus de 3 000 chambres. De quoi permettre au Bénin de diversifier et d’équilibrer l’économie nationale et de faire du tourisme une filière rentable qui pour l’instant ne représente que 2% du PIB.