Le Tombeau des Askia : un héritage en terre crue face aux défis du temps et du climat


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Tombeau des Askia

Érigé en 1495 à Gao, au Mali, le Tombeau des Askia incarne la grandeur de l’empire Songhaï et l’excellence de l’architecture soudano-sahélienne. Ce monument, reconnu par l’UNESCO comme patrimoine mondial en 2004 puis inscrit sur la Liste du patrimoine en péril en 2012, illustre la maîtrise ancestrale des techniques de construction en terre crue, caractéristique du Sahel occidental. Aujourd’hui, ce joyau architectural fait face à des menaces croissantes, amplifiées par le changement climatique et l’instabilité régionale.
Un Patrimoine Vulnérable aux Éléments et aux Conflits

Le Tombeau des Askia est construit en « banco », un mélange traditionnel de terre argileuse et de paille. Bien que respectueux de l’environnement, ce matériau est particulièrement sensible aux intempéries. Le dérèglement climatique, qui intensifie les pluies torrentielles au Sahel, accélère l’érosion de l’édifice. L’effondrement partiel du toit d’une mosquée adjacente en 2020, durant des travaux de restauration, souligne cette fragilité structurelle.

Récemment, en août 2023, des pluies exceptionnelles ont de nouveau affectées le site. Une partie du plafond de la mosquée des hommes s’est effondrée sous le poids de la terre gorgée d’eau lors de la réfection d’un pilier. Cet incident illustre la vulnérabilité persistante du monument face aux conditions météorologiques extrêmes.

Par ailleurs, l’occupation de Gao par des groupes armés en 2012-2013 a entravé les efforts de conservation en limitant l’accès des experts internationaux.

Un ambitieux projet de réhabilitation

Tombeau des Askia 2
Tombeau des Askia (Mali)

Face à ces défis, un projet de réhabilitation d’envergure a été initié, sous l’égide du ministère malien de la Culture et de CRAterre, une association française experte en architecture de terre. Financé à hauteur de 500 000 dollars par la Fondation ALIPH, ce projet vise à restaurer l’intégrité structurelle du monument tout en préservant son authenticité et les savoir-faire locaux.

Les travaux comprennent :

  • La réparation des éléments fragilisés, notamment le remplacement des bois détériorés par du hasu, une essence locale traditionnelle.
  • La création d’une pépinière à proximité pour assurer un approvisionnement durable en matériaux authentiques.
  • Le renouvellement du crépissage, une technique essentielle d’entretien réalisée par la communauté lors de cérémonies rituelles.

Entre résilience locale et enjeux climatiques

La restauration du Tombeau des Askia s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’adaptation de l’architecture traditionnelle aux conditions climatiques extrêmes. Le Sahel, particulièrement vulnérable aux changements climatiques, devient un laboratoire pour des solutions innovantes de préservation du patrimoine. Les récents événements météorologiques, avec des précipitations dépassant de 120 à 600% la moyenne habituelle dans la région, soulignent l’urgence de cette adaptation. Une étude de l’Institut des géosciences de l’environnement a démontré une augmentation significative des précipitations extrêmes au Sahel entre 1983 et 2015, mettant en évidence la nécessité d’une approche de conservation prenant en compte ces nouvelles réalités climatiques.

Malgré les défis, la population de Gao demeure profondément attachée à son héritage. Son engagement, combiné au soutien d’institutions comme l’UNESCO et ALIPH, offre un espoir pour la pérennité du monument.

La réhabilitation du Tombeau des Askia illustre comment le patrimoine culturel peut servir de catalyseur pour l’adaptation au changement climatique et le développement durable.

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