Les autorités togolaises se sont engagées à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la corruption, célébrée tous les 9 décembre, à dire non à la corruption, un mal grandissant dans le pays.
Notre correspondant au Togo
Cette fois, l’Etat togolais se veut plus ferme dans la lutte contre la corruption. Un phénomène qui a gagné tous les corps de la société, et qui oblige le Premier Ministre Gilbert Fossoun Houngbo à demander à chacun de ses concitoyens « d’apprendre à dire non quand on l’invite ou on l’oblige à donner ou à recevoir un pot de vin au prix de sa conscience ». Et d’ajouter, lors de la cérémonie qu’il présidait mardi à Lomé : « Le non de chacun compte. Celui de l’homme de la rue, du comptable, de l’agent de police, du douanier, du député, du membre du gouvernement compte ». Une déclaration qu’il a lancée à l’assistance où se trouvaient des membres du gouvernement, des autorités publiques, traditionnelles et religieuses.
Pour freiner le mal, l’Etat togolais ambitionne de nouveau de « passer de la prévention de la corruption à sa répression ». Une expérience que le Togo avait déjà connue avec la mise sur pied, en 2001, d’une Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et le Sabotage économique (CNLCSE) dirigée par Follivi Assiongbo. Une institution qui n’a malheureusement attrapé que de « petits poissons », regrettent de nombreux togolais.
« Depuis qu’ils ont constitué cette équipe pour traquer les fossoyeurs de l’économie, dites-moi quel gros bras ils ont arrêté ? Quel rapport ils ont présenté jusqu’alors ? Ce sera toujours comme ça… », murmure un jeune à son voisin. Une affirmation que semble démentir le Ministre de la justice Kokou Tozoun, qui met en avant l’engagement de l’Etat à « donner tous les moyens à cette nouvelle commission pour qu’elle puisse véritablement faire son travail ».
Donner à la justice les moyens de réprimer
« Aujourd’hui, notre préoccupation est de mettre sur pied une nouvelle commission anti-corruption, composée en majorité des représentants de la société civile, du secteur privé, des medias, avec une compétence plus étendue et des capacités consolidées », a déclaré le Premier Ministre Houngbo, qui a également pris soin de rappeler la création de la cours des comptes très attendue par ses concitoyens en février 2009.
La justice togolaise est alors mise à rude épreuve puisque l’autorité a insisté pour que « la lutte contre la corruption ne se limiter pas à l’indignation morale ou à la dénonciation outrée ». Une lutte qui doit plutôt, « être fondée sur une justice indépendante, compétente, intègre, qui ne se laisse pas dicter ses décisions par qui que ce soit », a lancé sans ambages M. Houngbo, très conscient du phénomène. C’est pourquoi il conditionne ce combat du fait que le Togo doit « disposer d’une administration efficace et performante, avec des agents vertueux, des conditions descentes de vie et de travail, des règles transparentes de recrutement et de promotion.. ».
Le Togo, dans le Rapport annuel de Transparency International, a été classé parmi les 36 pays les plus corrompus au monde. En attendant de venir à bout de ce crime, la cherté de la vie continue de battre son plein dans ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 13.757 F CFA par mois.