La modification du code électoral par l’Assemblée nationale, uniquement constituée de membres du parti au pouvoir, a bloqué le dialogue inter-togolais. A un mois des législatives, Fambaré Natchaba, président de l’Assemblée nationale, de passage à Paris, s’explique sur les fondements d’une crise qui » n’a pas lieu d’être « . Interview.
Le dialogue inter-togolais est dans l’impasse. Pour les partis d’opposition, la modification du code électoral adopté par l’Assemblée nationale, uniquement constituée de députés issus de la mouvance présidentielle, est unilatérale. A la veille des législatives prévues le 10 mars prochain, la crise politique paralyse les débats. L’Union européenne, principal » facilitateur » du processus électoral togolais, a manifesté, début février, son désaccord quant à la politique menée par les autorités, en annulant les 1,3 milliards de francs cfa d’aide apportés au pays pour l’organisation du scrutin. Soit 40% du budget des élections.
Afrik : Pourquoi avoir modifié le code électoral ?
Fambaré Natchaba : La réforme était nécessaire. Le mandat des membres de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) arrivait à terme le 31 décembre 2001. Les décisions devaient être prises par consensus. Mais le nombre, pléthorique, empêchait toute avancée. Nous n’avons pas jugé utile de reconduire les mandats pour des personnes qui n’ont pas réussi à organiser les élections. Le Comité paritaire de suivi, mis en place pour suivre les engagements pris à travers les accords de Lomé, a lui aussi connu des ratés. Il ne s’est pas réuni depuis septembre dernier à cause de la défection des membres de l’opposition. Le blocage dont tout le monde parle était déjà là, il fallait faire quelque chose.
Afrik : La réforme du code électoral ne va pas dans le sens de l’apaisement du dialogue avec l’opposition. Seriez-vous prêt à faire marche arrière pour calmer les tensions ?
Fambaré Natchaba : Nous ne reviendrons pas sur le code électoral. Le processus électoral était déjà dans l’impasse. Que vouliez-vous que nous fassions ? Nous n’allions pas rester les bras croisés. Il fallait un choc pour nous permettre d’avancer. Le nouveau code réforme la Céni pour la rendre plus efficace. Nous avons descendu le nombre des membres de vingt à dix, cinq de l’opposition et cinq du parti présidentiel. Nous avons réformé la prise de décision qui ne doit plus se faire par consensus. Nous avons éliminé le scrutin à deux tours pour lui préférer un scrutin au premier tour, pour des questions budgétaires. Cela peut être un avantage pour l’opposition. A elle de savoir s’organiser.
Afrik : Vous avez également institué une nouvelle règle selon laquelle tout candidat à la présidence doit avoir résidé au moins 12 mois dans le pays. N’est-ce pas une façon de mettre sur la touche l’opposant Gilchrist Olympio ?
Fambaré Natchaba : Les députés avaient déjà une astreinte de résidence de six mois pour pouvoir se présenter aux élections. Nous estimons normal qu’il en soit de même pour un Président. D’ailleurs, les élections sont en 2003. Cela laisse beaucoup de temps aux prétendants à la présidence pour régulariser leur situation.
Afrik : Oui, mais la dernière fois que Gilchrist Olympio s’est rendu au Togo, il a été la cible d’un attentat.
Fambaré Natchaba : Personne n’est à l’abri des attentats. Nous ne gouvernons pas par la voie d’exception mais dans le cadre d’un processus global. La loi est là, elle s’adresse à tout le monde. Nous ne souhaitons écarter personne. Nous légiférons pour les Togolais, dans l’intérêt des Togolais.
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