Le Tigré en guerre : un conflit loin d’être éteint


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région du Tigré
région du Tigré

Depuis près de quatre ans, le Tigré est le théâtre d’un conflit sanglant opposant le gouvernement fédéral éthiopien aux forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Cette guerre, qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, menace la stabilité de toute la Corne de l’Afrique. Retour sur les origines, les enjeux et les conséquences d’une crise qui semble sans fin.

Depuis novembre 2020, le Tigré, région du nord de l’Éthiopie, est plongé dans un conflit dévastateur qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes. Ce qui a commencé comme une offensive du gouvernement fédéral contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) s’est rapidement transformé en une guerre civile aux conséquences désastreuses et en piège pour le Premier ministre Abiy Ahmed.

Aujourd’hui c’est une catastrophe humanitaire sans précédent. Des millions de personnes sont au bord de la famine, et l’accès à l’aide humanitaire reste un défi quotidien.

Une lutte pour le pouvoir aux racines profondes

Les racines du conflit remontent à 2018, lorsque l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed a bouleversé l’équilibre politique du pays. Le TPLF, qui avait dominé la scène politique éthiopienne pendant près de trois décennies, s’est vu progressivement marginalisé. « Il s’agit fondamentalement d’une lutte pour le contrôle du pouvoir central« , explique un analyste politique basé à Addis-Abeba. « Le TPLF, habitué à exercer une influence considérable sur la politique nationale, s’est senti menacé par les réformes d’Abiy Ahmed. »

La guerre a connu plusieurs phases, avec des offensives et contre-offensives successives. Mekele, la capitale régionale, est passée plusieurs fois de main en main. Malgré des trêves temporaires, une paix durable semble encore loin. « Les stratégies militaires ont évolué« , explique un expert en géopolitique de la région. « D’une guerre conventionnelle, nous sommes passés à une guérilla prolongée, avec toutes les conséquences que cela implique pour les civils. »

Une crise humanitaire et diplomatique

Les répercussions du conflit dépassent largement les frontières du Tigré. La Corne de l’Afrique tout entière est déstabilisée, avec des implications pour des pays comme l’Érythrée, impliquée dans le conflit, ou le Soudan voisin. « Cette guerre a ravivé d’anciennes rivalités régionales« , souligne un diplomate occidental en poste dans la région. « Elle menace de déstabiliser une zone déjà fragile, avec des risques d’embrasement à l’échelle régionale. »

La communauté internationale, bien que préoccupée, peine à trouver une solution. Les tentatives de médiation de l’Union africaine et de l’ONU n’ont jusqu’à présent pas abouti, notamment en raison d’absence d’une confiance brisée entre les parties. En effet, les atrocités commises des deux côtés ont laissé des cicatrices profondes.

Les organisations humanitaires alertent sur l’ampleur de la crise. Selon les Nations Unies, plus de 5,2 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence dans la région. Les accusations de crimes de guerre et de violations massives des droits de l’homme se multiplient, visant aussi bien les forces gouvernementales que celles du TPLF. « Il faudra des années, voire des décennies, pour panser les plaies de cette guerre« , estime un sociologue éthiopien. « Le défi sera de reconstruire une identité nationale inclusive, capable de transcender les clivages ethniques. »

Le conflit au Tigré, entre 2020 et 2022, a été extrêmement sanglant.

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