Depuis quelques mois, les internautes peuvent visionner, en ligne, la première série afro-caribéene française : le Tchip Show. Créée par les producteurs Pascal Thomas et Didier Mandin, à la tête de Kalihnas Production, la série met en scène, à travers des épisodes de 5 à 10 minutes et sur un ton humoristique, le quotidien de sept jeunes d’origine afro-caribéene.
Par Vitraulle Mboungou
Les internautes peuvent depuis novembre 2005 découvrir sur le site Ak-a la première série afro-caribéenne française : le Tchip Show, produit par Pascal Thomas et Didier Mandin, directeurs de Kalihnas production. C’est selon ses créateurs : « une mini série comme une autre… avec une majorité d’acteurs noirs français ». Elle met en scène, sur un ton humoristique, le quotidien de sept personnages afro-caribéens âgés de 20 à 30 ans vivant en région parisienne. A travers des épisodes de 4 à 5 minutes, le Tchip Show s’inscrit comme un programme drôle, divertissant, original et universel. Comme le signale l’un des acteurs principaux, David Daouada : « Le Tchip Show n’a rien d’exceptionnel, c’est une série comme une autre, avec des acteurs comme les autres, mais qui ne racontent pas la même chose que les autres. Et c’est ça qui la rend drôle, fraîche et accessible ». Malheureusement, le sitcom n’est, pour l’instant, visible que sur Internet. Rencontre avec l’un des directeurs de Kalihnas production, Didier Mandin.
Afrik.com : Comment est né ce projet de sitcom afro-caribéen français?
Didier Mandin : Mon associé, Pascal Tomas, et moi avions ce projet en tête depuis un moment. Alors lorsque l’occasion s’est présentée, on s’est lancé. L’idée est née du constat que rien n’avait été fait à ce niveau-là en France, en dehors des séries américaines du type, Le Prince de Bel Air ou Le Cosby Show. Nous l’avons lancé en synergie avec la structure Ak-a qui est un institut d’études en ligne spécialisé sur la population afro-caribéene de France.
Afrik.com : Quel est exactement le concept du Tchip Show ?
Didier Mandin : Il s’agit d’un sitcom afro-caribéen qui raconte l’histoire d’une bande de potes ayant chacun une personnalité bien trempée. Il reflète le quotidien de chacun dans un bon esprit et sur le ton de l’humour et du divertissement.
Afrik.com : Pourquoi ce nom de Tchip Show ?
Didier Mandin : Il vient d’une mimique utilisée par l’ensemble de la population afro qui sert à marquer le mécontentement ou le mépris. L’idée de ce nom nous est venue à la suite d’une anecdote dans le RER D (métro parisien). Nous étions avec des amis lorsque le cheminot a annoncé un retard, c’est à ce moment nous avons entendu un « tchip » collectif. En jetant un coup d’œil dans le wagon, nous avons remarqué qu’il n’y avait presque que des Noirs et ça nous a fait rigoler. Il était donc naturel pour nous d’appeler le sitcom le Tchip Show.
Afrik.com : La série existe depuis quand ?
Didier Mandin : Elle a été mise en ligne sur le site d’Ak-a en novembre 2005, en même temps que le site. Au départ, c’était juste pour accompagner le site. Nous nous sommes dit que les internautes qui allaient participer aux études aimeraient avoir une mini série de divertissement de 5 à 10 minutes. Très vite, nous avons eu un bon retour, nous avons donc décidé de produire d’autres épisodes, mais en les améliorant. Les autres épisodes ont été mis en ligne en janvier 2006.
Afrik.com : Vous avez fait un casting pour les acteurs ?
Didier Mandin : Comme nous avions déjà le scénario, nous avons effectivement organisé un casting pour trouver les comédiens qui collaient parfaitement aux personnages. Les acteurs choisis ont tous une expérience dans la comédie, le théâtre, le chant, la danse mais seul David Daouda qui joue le rôle d’Adjovi est réellement professionnel. Le but de Tchip Show est aussi de mettre en avant les jeunes talents afro-caribéens ignorés par le milieu.
Afrik.com : Quels sont les auteurs du scénario ?
Didier Mandin : Mon associé et moi écrivons nous-même les scénarios en se basant sur les situations de la vie quotidienne sans trop se prendre au sérieux. Notre ambition est avant tout de faire rire. Il arrive aussi que le scénario soit retravaillé ou que les acteurs improvisent des scènes lors des tournages.
Afrik.com : En parlant de tournages, où se déroulent-t-il ?
Didier Mandin : La plupart des épisodes sont tournés en région parisienne, dans le nord et le sud en particulier. Sinon, pour ce qui est des scènes d’intérieur, nous tournons chez des amis, des cousins, la famille, bref c’est la débrouille.
Afrik.com : Certains personnages peuvent paraître par moment un peu cliché. Est-ce un choix délibéré ?
Didier Mandin : Nous assumons parfaitement le côté un peu cliché des personnages. Nous voulions par là souligner le manque de communication qui peut exister, en France, entre la population d’origine africaine et celle d’origine antillaise et qui amène cette dernière à avoir parfois les mêmes préjugés que les Blancs. C’est un petit clin d’œil. Et puis nous pensons aussi que ce côté un peu cliché participe également au caractère humoristique de la série. Il était par ailleurs très important pour nous de montrer des personnages afro-caribéens bien établis professionnellement car cet aspect n’est jamais assez montré à la télévision française.
Afrik.com : On a bien compris que le Tchip Show était une série de divertissement, mais avez-vous prévu de traiter des sujets plus graves ou plus engagés ?
Didier Mandin : Pour commencer, je pense que le fait de créer une série afro-caribéene en France est déjà en soi un acte politique. Notre objectif avec le Tchip Show est avant tout de divertir. Si on peut glisser quelques messages au passage, tant mieux, mais ce n’est pas le but recherché.
Afrik.com : N’avez-vous pas peur d’être taxé de communautarisme ?
Didier Mandin : C’est déjà fait. Nous répondons simplement que le tournage de la série a commencé avant les émeutes de novembre 2005, à savoir avant que tout le monde surfe sur la vague du communautarisme. En gros, avant que tout cela ne devienne « à la mode ». Nous faisons une série comme les autres avec des acteurs afro-caribéens et un code culturel afro, mais cela n’empêche pas un Français d’origine chinoise, par exemple, de l’apprécier. Nous ne sommes pas dans cette « vibe » communautariste.
Afrik.com : Avez-vous prévu de vendre la série à la télévision ?
Didier Mandin : Notre objectif premier est de pérenniser la diffusion de la série sur Internet, même s’il est vrai que nous avons déjà proposé le projet aux différentes chaînes nationales. Malheureusement des chaînes comme M6, TF1, France 3, France 4 et France Ô ont répondu négativement pour diverses raisons. Pour certaines, elles ont déjà leurs programmes pour la rentrée, pour d’autres notre concept ne correspond pas à leur ligne éditoriale.
Afrik.com : Dans le cas où elle serait adaptée à la télévision, avez-vous prévu des modifications ?
Didier Mandin : Si une chaîne accepte notre projet, nous changerons surtout le format. Nous pourrons ainsi proposer soit un format très court de 5 à 10 minutes de type Un gars et une fille ou plus long de 25 minutes. Nous aimerions, par contre, garder toute l’équipe au complet, des techniciens aux acteurs.
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