Le premier ministre tchadien a demandé lundi à la communauté internationale de délocaliser les quelque 240 000 réfugiés du Darfour (Ouest du Soudan) qui se trouvent sur son sol. Nouradin Koumakoye juge que c’est leur présence qui pousse Khartoum à attaquer N’Djamena.
« C’en est trop ». Le premier ministre tchadien a bien fait comprendre lundi, à N’Djamena, que son pays n’était plus prêt à accueillir de nouveaux réfugiés soudanais du Darfour fuyant la guerre. « Nous lançons un appel à la communauté internationale de réorienter les 40 000 Soudanais qui viennent sur notre territoire. Pour les anciens, nous demandons purement et simplement la délocalisation », a déclaré Nouradin Koumakoye à la presse.
Il estime que les réfugiés causent des « problèmes ». « Nous sommes attaqués par le Soudan à cause de ces réfugiés, a expliqué Nouradin Koumakoye. (…) Nous demandons que la communauté internationale transfère la population [de réfugiés soudanais] du Tchad vers le Soudan pour nous libérer. (…) Nous voulons que la communauté internationale cherche un autre pays pour que les Soudanais puissent partir. Si elle ne peut le faire, nous nous en chargerons ».
Délocalisation pas à l’ordre du jour
Une porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations Unies dans l’Est du Tchad, Annette Rehle, a déclaré à la BBC qu’il y avait peu de chances que les réfugiés soient délocalisés car les autorités locales tchadiennes continuent à s’en occuper normalement. Elles pourraient d’ailleurs voir leur masse de travail augmenter considérablement avec le déploiement de la Force Européenne (Eufor), dont la mission de protection des réfugiés de l’Est du Tchad et du Nord-Est de la Centrafrique pourrait attirer des dizaines de milliers d’autres Darfouris.
Actuellement, le Tchad compte à l’Est 240 000 réfugiés de la province occidentale soudanaise du Darfour. D’après le HCR, 12 000 autres réfugiés sont venus grossir ces rangs le week-end dernier. Notamment massés dans la zone de Birack, ils tentaient, en traversant la frontière, d’échapper aux bombardements du gouvernement qui pourchassait des rebelles. Des rebelles que Khartoum accusent d’être soutenus par le Tchad. Ce que dément N’Djamena, qui rend pour sa part son voisin responsable de l’offensive rebelle qui a failli renverser le président tchadien Idriss Déby Itno début février.