Le gouvernement tchadien a exprimé, le 3 novembre 2024, son intention de se retirer de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale dédiée à la lutte contre le terrorisme autour du lac Tchad. Cette annonce, diffusée par la Présidence, survient après une attaque meurtrière qui a causé la mort d’une quarantaine de soldats tchadiens, le 27 octobre, ce qui a suscité l’indignation et la frustration des autorités de Ndjamena.
Le Tchad en première ligne depuis des années
La FMM, créée en 2015, rassemble le Tchad, le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Bénin, avec pour objectif principal de contrer l’expansion des groupes djihadistes, tels que Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest. Elle agit principalement dans la région du lac Tchad, une zone stratégique où les frontières poreuses facilitent les déplacements des groupes armés. Malgré cette mobilisation commune, la collaboration semble aujourd’hui mise à mal.
Les troupes tchadiennes ont joué un rôle clé au sein de la FMM en participant activement aux offensives contre les groupes terroristes. N’Djamena est souvent considéré comme le « rempart militaire » de la région, ses soldats étant connus pour leur discipline et leur efficacité. Cependant, cet engagement coûte un lourd tribut au pays, qui a perdu des centaines de soldats dans des opérations contre les djihadistes au fil des ans.
L’attaque du 27 octobre : une tragédie de plus
Le communiqué tchadien souligne une « absence de mutualisation des efforts » entre les différents membres de la FMM, non dans suggérer un manque de coordination efficace et d’engagement égal des partenaires. Cette critique traduit un ressentiment envers les pays voisins, accusés de ne pas fournir des ressources et des forces à la hauteur des sacrifices consentis par le Tchad, notamment en termes de pertes humaines.
L’attaque du 27 octobre, qui a coûté la vie à une quarantaine de militaires tchadiens, semble avoir été le catalyseur de cette prise de position. Cet événement tragique a ravivé les débats autour de l’efficacité de la FMM et des moyens déployés pour garantir la sécurité des troupes. Les autorités tchadiennes pointent du doigt un manque de soutien logistique et stratégique pour protéger les soldats engagés en première ligne.
Pressions croissantes sur le gouvernement tchadien
Au-delà de l’impact militaire, cette série de pertes suscite des tensions politiques internes. Le gouvernement tchadien fait face à des pressions de la population et de l’opposition, qui exigent une meilleure gestion des opérations et un soutien renforcé pour les soldats. Cette situation fait ressortir la responsabilité régionale des autorités tchadiennes et leur besoin de protéger leurs propres forces.
Un éventuel retrait du Tchad de la FMM pourrait fragiliser davantage la lutte contre les djihadistes dans la région. Sans le soutien des troupes tchadiennes, les autres pays membres risquent de rencontrer des difficultés pour contenir l’influence des groupes armés, qui pourraient alors profiter de cette désorganisation pour intensifier leurs attaques et renforcer leur présence.
Possible reconfiguration de la lutte contre le terrorisme
Avec la déclaration de N’Djamena, il n’est pas exclu de voir les autres membres de la FMM reconsidérer leurs propres engagements et à renforcer la coordination pour éviter l’effondrement de l’initiative commune. L’ultimatum du Tchad laisse présager une possible reconfiguration de la lutte contre le terrorisme dans cette zone. En plus, la FMM pourrait perdre son principal pilier, ce qui compromet ainsi les acquis de plusieurs années de lutte commune contre les groupes djihadistes.