C’est un succès pour la l’Union des syndicats du Tchad (UST) qui a appelé, lundi à « une grève générale d’avertissement » pour protester contre la vie chère. Selon Michel Barka, le président de la centrale syndicale, les secteurs privés et publics ont suivi la grève. L’UST réclame l’augmentation des salaires pour pallier la hausse des prix des produits de première nécessité et des matériaux de construction.
« La grève a été bien suivie dans les secteurs privés et publics et ce, dans plusieurs villes », s’est félicité Michel Barka, joint par Afrik.com. Le président de l’Union des syndicats du Tchad (UST), la principale centrale syndicale du pays, avait appelé dimanche à une « grève générale d’avertissement » contre la vie chère pour la journée de lundi. « Les travailleuses et travailleurs, militants de l’UST, décident à l’unanimité d’observer une grève générale d’avertissement d’une journée » avait déclaré, lundi, dans un communiqué lu à la radio nationale, l’UST. Cette centrale syndicale, aux dires de ses membres, regroupe 30 syndicats et fédérations nationaux et 28 « unions régionales ». Pour la journée de lundi, seules les banques manquaient à l’appel. « Les employés de certaines banques affiliés à un autre syndicat ont, eux, travaillé », précise le président de l’IST.
L’UST et la CLTT en désaccord
La Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT), n’avait pas voulu suivre la grève de lundi. Cette centrale syndicale serait, selon certains observateurs, proche du gouvernement. « Ce n’est pas à moi de le confirmer. La CLTT connait les conditions de vie des Tchadiens, leur difficulté à manger à leur faim. Et pourtant ils n’ont rien fait », commente Michel Barka. D’après l’AFP, la centrale syndicale aurait demandé « à ses militants et militantes du public et du privé de vaquer normalement à leurs occupations quotidiennes ». La CLTT ne représenterait pas une menace pour l’IST, qui revendique 60 000 adhérents à travers le pays avec une représentativité de 90 %.
Pétrole contre nourriture
Le Tchad en chiffres : Produit intérieur brut (2007): 7085 millions de dollars (Sources : CIA World Factbook) |
« Alors que le gouvernement tchadien a encaissé, depuis mi-août 2008, 3500 milliards de FCFA grâce à la vente du pétrole, le pays vit dans la misère », explique Michel Barka. Depuis juillet 2003, le Tchad est devenu un pays exportateur de l’or noir. Selon le président de l’UST, la crise économique toucherait la population tchadienne de plein fouet. « Face à la hausse des matières premières et des matériaux de construction, le gouvernement doit augmenter les salaires des fonctionnaires, agents de l’Etat et du privé », réclame-t-il. Michel Barka l’affirme : il arrêtera son mouvement que lorsque ses revendications seront appliquées. Et il en va de même pour la levée de l’interdiction du bois de chauffe et du charbon. « 99,99% des gens utilisent ces combustibles. L’Etat les a interdit sans mettre à disposition des produits de substitutions, tout ça pour stopper la coupe des arbres qu’il juge “abusive” », souligne-t-il.
« La politique de l’autruche » du gouvernement
Le 3 février, des dirigeants de l’UST, de la CLTT et d’autres organisations syndicales avaient été reçus par Youssouf Saleh Abbas, le Premier ministre, sans résultats tangibles. A l’issue de cette rencontre, le chef du gouvernement avait cependant promis qu’il allait demander, par exemple, aux opérateurs économiques de baisser leur prix. Une promesse en laquelle le président de l’IST ne croit pas. « Ce n’est pas aux commerçants de baisser leurs tarifs, c’est à l’Etat d’augmenter les salaires. De toute façon, dans ce pays, les mesures prises par le gouvernement ne sont jamais appliquées », fulmine-t-il.
La grève de lundi n’était qu’un avertissement. Si la situation ne s’arrange pas, Michel Barka se dit prêt à recommencer, encore et encore…