Le Tchad demande le départ des forces françaises d’ici le 31 janvier 2025


Lecture 4 min.
Mahamat Déby, président de la Transition au Tchad
Mahamat Déby, président de la Transition au Tchad

La rupture des accords de coopération militaire entre le Tchad et la France, annoncée il y a environ deux semaines, a donné lieu à un nouveau rebondissement dans le dossier du retrait des troupes françaises. Le gouvernement tchadien a exigé un départ des forces françaises avant le 31 janvier 2025, une demande qui a été confirmée le 19 décembre 2024 par des sources proches du gouvernement français.

Nouveau « coup de pression » de N’Djamena sur Paris

La France, bien qu’ayant reçu cette demande formelle pour un retrait complet des troupes françaises d’ici fin janvier 2025, assure que des négociations sont toujours en cours. Selon des responsables militaires français, ces discussions restent « techniques » et se déroulent dans un climat de « constructivité ». Cependant, cette demande de retrait expressée par le Tchad est perçue par certains observateurs comme un nouveau « coup de pression », visant à forcer Paris à respecter une date butoir jugée difficilement tenable, notamment pour le retrait de plus de mille soldats et de nombreux équipements militaires.

Les autorités françaises ont réagi en soulignant les défis logistiques considérables que représente un retrait aussi rapide. Des sources militaires de haut rang ont expliqué que « sept semaines seulement » pour désengager autant de troupes et de matériel semble impossible. Ces déclarations traduisent la pression à laquelle sont soumis les responsables militaires français, qui reconnaissent les difficultés liées à un départ précipité. Les discussions en cours entre les deux pays visent à trouver un compromis, mais la question du calendrier reste un point de friction majeur.

Départ exigé des forces françaises avant fin janvier

La position du Tchad est claire : le gouvernement tchadien exige un départ des forces françaises avant la fin du mois de janvier, avec une préférence pour une évacuation avant le début du mois de février et le commencement du Ramadan. Un calendrier de retrait s’étendant jusqu’en mars, proposé par les autorités françaises, a été rejeté par N’Djamena, jugé trop long et incompatible avec les impératifs politiques et sociaux du pays. Pour le Tchad, la présence militaire française sur son sol devient de plus en plus difficile à justifier après la rupture des accords de défense, et le gouvernement cherche à symboliser le renouveau de la souveraineté nationale.

Les discussions actuelles sont axées sur la manière de rendre le retrait aussi fluide que possible, tout en respectant les impératifs de sécurité. Le processus de désengagement a déjà commencé, avec le départ de certaines unités et équipements. Ainsi, la base aérienne de N’Djamena a vu partir récemment les Mirage 2000, qui étaient stationnés sur place, et les emprises françaises de Faya-Largeau et d’Abéché, respectivement occupées par 50 et 100 soldats, seront évacuées à partir de la semaine suivante. Cependant, comme l’indiquent les militaires français, ce processus est loin d’être simple. La logistique du retrait, en particulier le déplacement des troupes et de l’équipement sur de longues distances à travers des pistes difficiles, impose une planification méticuleuse.

Présence militaire française jugée trop prolongée

Un élément essentiel dans ce processus reste le retrait de la base de Kossei, située à une distance importante de la capitale, N’Djamena. La distance et les conditions difficiles des routes entre ces emplacements militaires et la capitale compliquent davantage le calendrier du désengagement. « Plus de dix jours de piste » séparent ces différentes bases, et chaque étape nécessite des préparations logistiques minutieuses pour garantir un départ sécurisé et ordonné. Il est évident qu’un retrait aussi rapide n’est pas seulement une question de volonté politique, mais aussi de ressources et de capacités logistiques sur le terrain.

Le Tchad, de son côté, insiste sur la nécessité de garantir un départ dans les meilleures conditions, en dépit des défis logistiques. Les autorités tchadiennes soulignent que ce retrait est une étape importante pour la restauration de la souveraineté du pays et la réaffirmation de son indépendance. Le gouvernement de N’Djamena semble donc vouloir mettre un terme à une présence militaire de la France jugée non seulement trop prolongée, mais aussi symboliquement incompatible avec les aspirations du pays après le renversement de l’ancien Président Idriss Déby.

Avatar photo
Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News