Le Tchad est dans le collimateur du djihadiste Mokhtar Belmokhtar. C’est en tout cas ce qui se chuchote dans les coulisses du pouvoir tchadien. La France, partenaire incontournable du Tchad, dans le domaine de la Défense, apporte son soutien au Président Idriss Déby.
Annoncé mort par l’armée tchadienne le samedi 2 mars 2013, le djihadiste Mokhtar Belmokhtar, qui serait en réalité réfugié en Libye, garderait un œil bien ouvert sur le Tchad.
Le chef du mouvement armé « Les signataires par le sang » pourrait bien vouloir se venger des forces tchadiennes qui avaient détruit une base djihadiste dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, dans la vallée d’Ametetai, où se trouvaient celui que l’on surnomme « le borgne », et plusieurs autres terroristes, dont certains ont été tués.
La mort du « borgne », l’armée tchadienne l’avait déduite à partir d’une photo prise par l’un de ses soldats avec son téléphone portable. Mais plusieurs sources sécuritaires – au Mali, au Niger et une source proche de la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) – affirment aujourd’hui le contraire. Une nouvelle qui ne semble pas surprendre les autorités tchadiennes qui ont pris les précautions nécessaires pour éviter toute intrusion au Tchad, pays frontalier avec la Libye, avec l’aide de la France. Le Tchad s’est d’ailleurs récemment doté de plusieurs avions de chasse, en complément de la flotte aérienne de l’armée tchadienne.
Une infiltration en douceur ?
Mokhtar Belmokhtar a-t-il réellement l’intention de déstabiliser le Tchad en s’y introduisant via le désert ? C’est la grande question que les autorités locales se posent. La douane mobile tchadienne a intercepté, le 16 février dernier, entre Faya, au nord, et Zouar, à l’ouest, deux véhicules chargés de tonnes de cigarettes. Les trafiquants ont reconnu que les marchandises provenaient de la Libye, rapporte Alwihdainfo.com. Serait-ce l’œuvre de Belmokhtar, surnommé aussi « M. Marlboro », aussi connu pour ses trafics de cigarettes ?
Si la France et le Tchad se sont un temps brouillés sur la paternité de la mort de Belmokhtar, ils sont aujourd’hui bien obligés de collaborer, « l’un pour défendre son territoire et l’autre pour empêcher que l’Afrique centrale s’écroule sous la menace terroriste », explique le journal. Le Président tchadien avait d’ailleurs donné son accord, début février, pour l’extension de la base militaire française. Un nouveau déploiement qui comprend 300 soldats français, à Faya et dans une nouvelle base à Zouar afin de contrôler le sud-libyen. L’objectif de cette nouvelle stratégie est clair : empêcher toute tentative de déstabilisation de la ceinture africaine frontalière.
Déby et Le Drian, main dans la main
« Les services de renseignements tchadiens et français le savaient bien avant les médias que Belmokhtar se trouve en Libye. Dans tous les cas, tout a été anticipé pour contrer un projet de déstabilisation du Tchad, avec ou sans lui (Belmokhtar) », souligne un responsable tchadien du ministère de la Défense.
Idriss Déby, qui se fait désormais tutoyé par Jean-Yves Le Drian, se réjouit du maintien de ce dernier au ministère de la Défense. Le Drian est, en effet, devenu en France un interlocuteur privilégié de Déby. D’autant plus que le Tchad abritera le siège d’un nouveau dispositif élaboré par l’Hexagone et qui doit « répondre au défi de la zone grise du sud libyen, où de nombreux combattants djihadistes se sont retranchés après l’opération Serval au Mali », affirme cette même source.