Le dernier film du Tchadien Serge Issa Coelo est un film poignant. L’histoire de deux amis dans le Tchad des années soixante-dix. Deux amis qui s’engagent dans la lutte armée contre le pouvoir et dont les idées finissent par diverger.
A Galbali la vie suit son cours. Tranquillement. Humblement. Ses habitants, des paysans et des artisans, sont aux champs ou à l’atelier toute la journée. Ils travaillent dur pour pouvoir vivre. Vivre, c’est tout simplement manger. Ou pouvoir acheter à sa femme l’étoffe dont elle rêve depuis deux ans. En deux mots, la vie n’est pas facile surtout lorsqu’il faut acquitter en plus les impôts et l’emprunt national. C’est d’ailleurs à cette occasion que tout dégénère. Daresalam, c’est d’abord l’histoire du peuple qui se révolte contre un pouvoir autocrate et sanguinaire.
Vibrant plaidoyer
Koni et Djimi sont amis. Du genre inséparables. Lorsque la révolte éclate, c’est donc tout naturellement qu’ils décident de prendre ensemble le maquis. Ils entrent au FRAP, le Front Révolutionnaire de l’Armée Populaire, persuadés qu’ils pourront rectifier les erreurs du régime et tailler un pays sur mesure pour leur peuple victime d’injustices. L’apprentissage de la lutte armée commence. Avec ses morts, ses tortures, sa violence. Mais les actes vont bientôt séparer les deux amis, Koni et Djimi. Dans la douleur et l’amertume.
Petit à petit la rébellion se scinde en deux. D’un côté, les politiques qui acceptent les compromis avec le pouvoir. C’est Koni. De l’autre, les partisans de la seule lutte armée. C’est Djimi. Mus au départ par un même idéal, celui de la justice, les deux amis finissent par s’opposer. » Daresalam « , c’est aussi la guerre civile et les cicatrices qu’elle laisse. Car au final, tous ont l’impression de s’être fait manipuler. En effet, beaucoup sont morts et, malgré cela, » la misère, personne n’a eu sa peau « .
» Daresalam » a été présenté en première française dans le cadre des rencontres internationales de cinéma qui ont lieu au Forum des Images à Paris du 31 octobre au 11 novembre. Il s’agit là du deuxième long métrage du Tchad. Une réussite. La lumière dans » Daresalam » est éblouissante. Les images sont tout simplement belles et le réalisateur a un sens très poussé de l’esthétique. Tout concourt à dénoncer l’horreur, mais surtout l’absurdité de la guerre. » Nos bras doivent servir à autre chose qu’à porter des armes et notre énergie qu’à éponger du sang « . Joli travail.