Le système de retraite marocain est menacé par le vieillissement de la population. La proportion actifs/retraités s’amenuise et risque de poser à terme l’épineux problème du financement des pensions.
La population marocaine vieillit. Les organismes de retraite sont inquiets quant aux pensions des futurs retraités. Avec de moins en moins d’actifs pour cotiser, le financement de la redistribution s’avère à terme des plus problématiques.
Le royaume chérifien est encore et pour longtemps un pays jeune. Il est loin de la situation allemande où les naissances sont en deçà du seuil de renouvellement, mais la diminution du taux de fécondité nationale (5,5 enfants par femme en 1982, 2,8 en 1999 et des prévisions à 2 en 2014) entraîne un ralentissement de la croissance démographique. Pour l’heure, la situation n’est pas encore préoccupante mais elle le deviendra assurément lorsque les gros des actifs arrivera à l’âge de la retraite (60 ans).
Un actif pour un retraité en 2020
Seuls 30% des Marocains bénéficient d’une couverture sociale dans le pays. Il existe trois caisses de retraite obligatoires : la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour les personnes du privé, la Caisse marocaine de retraite (CMR) pour les fonctionnaires de l’Etat et le Régime collectif d’allocation de retraite géré par la Caisse nationale de retraite et d’assurance (CNRA) pour les personnes de la fonction publique non titulaires. La Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) est quant à elle facultative et assure un régime complémentaire aux salariés.
Les cotisations sont à la charge et de l’entreprise et de l’affilié, dans des proportions variant de moitié/moitié à un tiers/ deux tiers. Cotisations amenées à baisser, avec le vieillissement de la population, dans des proportions pour le moins inquiétantes à moyen terme. La proportion actifs/retraités était de neuf pour un en 1998. Elle sera de un pour un à l’horizon 2020.
Plusieurs solutions envisagées
Quelles solutions pour éviter l’impasse ? La réponse toute trouvée serait une hausse pure et simple du taux de cotisation. Pas si facile. Car il faudrait à un organisme tel que la CMR plus que tripler ses taux (actuellement 14% du salaire, 18% pour la CNRA et 9,12% pour la CNSS) pour trouver un nouvel équilibre. 43% de taux de cotisation seraient nécessaires en 2018 pour cela, annonce-t-on à la CMR. Une charge financière trop lourde à assurer pour les fonctionnaires et pour l’Etat. Autre réforme paramétrique envisagée pour palier au futur problème de trésorerie : l’augmentation de l’âge de la retraite.
Plusieurs autres options circulent dans les milieux professionnels quant aux nécessaires réformes à apporter. Certains préconisent le passage à une capitalisation du système des retraites où les comptes seraient gérés individuellement par des caisses privées. D’autres imaginent un système multi-piliers basé sur un volet de cotisations obligatoires pour assurer une couverture minimale aux affiliés (30 à 40% de leur ancien salaire), un volet obligatoire fonctionnant par capitalisation et un volet facultatif avec la possibilité pour chacun de souscrire librement à un régime complémentaire.
» Rien n’est encore décidé pour l’instant « , explique-t-on à la CNRA. » Le pays est encore au stade de l’évaluation et de l’étude « . Mais le changement est inéluctable et va se faire, d’année en année, de plus en plus pressant.