Le Sud Soudan a annoncé pour juin la création de sa première banque commerciale et pour août le lancement de sa propre monnaie. Les indépendantistes souhaitent ainsi se doter de nouveaux instruments financiers pour remédier à l’absence de système bancaire formel dans le pays.
Une banque pour juin, sa propre monnaie pour août, le Sud Soudan porte l’offensive indépendantiste sur le terrain économique. Tir groupé de l’Armée de libération des Soudanais (SPLA) qui annonce, pour l’été, la création de nouveaux instruments financiers dans la sous région. Une initiative, qui entend palier au manque de structure des systèmes monétaires dans le pays, vise à lancer une nouvelle dynamique économique dans le Sud Soudan.
D’un capital d’un million de dollars, le nouvel établissement financier, la Nile Credit Corporation (NCC), située dans la ville rebelle de Yambo à la frontière centrafricaine, serait la première banque commerciale privée de la région. Sa future gestion a été confiée à une entreprise privée créée pour l’occasion en février dernier au Kenya. » La NCC viendra en soutien aux businessmen locaux « , annonce à The East African, Lual Deng, président du comité banque et finance de la SPLA et ancien économiste à la Banque mondiale.
Quatre monnaies pour un pays
Le lancement de la nouvelle livre soudanaise annoncé par la SPLA entend démêler la confusion monétaire qui règne dans le pays. Le Soudan ne dispose d’aucune devise de référence pour les échanges nationaux. Tandis que la monnaie officielle, le dinar (non convertible à l’extérieur du pays), et le shilling ougandais ont la faveur de l’ouest soudanais, le shilling kenyan et le birr éthiopien sont préférés à l’est et au sud. Utilisé par les nombreux organismes internationaux installés sur place, le dollar s’offre un large droit de cité sur toute l’étendue du territoire.
En guerre depuis 1983 avec le pouvoir central de Khartoum (musulman), le Sud Soudan (chrétien et animiste), avec ses nouveaux projets, ne joue pas dans le sens d’une paix espérée par de nombreux pays voisins. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), l’organe régional de résolution du conflit (Kenya, Soudan, Ethiopie, Ouganda) ainsi que l’initiative égypto-libyenne patinent depuis longtemps dans leur mission. Les annonces faites par la SPLA jettent un nouveau pavé dans une marre déjà trouble. Et dans un tel contexte, la toute récente proposition américaine de partager les revenus du pétrole entre les deux frères ennemis pour mettre fin à la guerre, semble plus que jamais inconcevable.