Avec un bel élan, les sports mécaniques sénégalais sortent enfin des chicanes. Après le succès de prestige des 6 Heures de Dakar ce printemps, des épreuves plus modestes entendent redonner le goût des vrombissements à un public qui en fut longtemps sevré.
Riche d’un demi-siècle de tradition, le sport automobile sénégalais se relève, depuis quelques années, d’une léthargie qui aurait bien pu finir en panne sèche. Dans la foulée des 6 Heures de Dakar et de leur grand succès sportif et populaire, les 18, 19 et 20 mai, la course de côte du Cayor visera, dimanche dans les environs de Thiès, à maintenir le régime de croisière d’un engouement inattendu pour beaucoup.
» Quand le maire de Dakar et le ministre des Sports sont venus à la remise des prix des 6 Heures, explique André Mathieu, le président de la Fédération sénégalaise du sport automobile et motocycliste (FNSAM), ils ont constaté qu’une course auto pouvait réunir le double de l’affluence d’un grand match de foot. Leur surprise était totale. »
Car le sport automobile sénégalais revient de loin. En 1983, une loi interdisant le parrainage des épreuves par les fabricants de tabac lui a porté un coup que l’on a cru fatal. Pendant une dizaine d’années, ce fut le point mort, cependant que le circuit historique des 6 Heures, conçu comme une enceinte de prestige dans les années 50, était rattrapé par le centre-ville et perdait son statut de tracé permanent.
Pédagogique et promotionnel
Tandis que le Sénégal affrontait, comme ses voisins, les rigueurs de l’ajustement structurel, quelques-uns ont continué à y croire, portés par le succès annuel de l’arrivée du raid Paris-Dakar. A partir de 1993 et avec l’aide de Thierry Sabine Organisation – TSO, l’organisateur du » Dakar » -, ils ont repris l’organisation d’épreuves modestes, ouvertes en particulier aux véhicules de tourisme et où l’essentiel, pour une fois, est bien de participer.
C’est le cas notamment de la course de côte de Cayor, qu’accueillera dimanche le… » ravin des voleurs » (c’est le sens en français du lieu-dit Allou Kagne) de Thiès. Quiconque portera un casque et bouclera sa ceinture de sécurité pourra s’aligner au départ des deux montées chronométrées. Quant à la Fédération, elle compte bien mettre à profit l’événement pour faire étalage d’un savoir-faire qu’elle exporte déjà en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Cap-Vert. Des constructeurs joueront aussi le jeu en amenant sur place des véhicules de compétition.
L’objectif est pédagogique et promotionnel, loin en tous cas de l’imagerie habituelle du sport automobile, » sport de riches » entre tous et donc a priori déplacé en Afrique. » La course servira à former des commissaires de piste, pas seulement des pilotes « , s’enthousiasme ainsi André Mathieu, pour qui l’essentiel est bien de » faire naître des vocations et rappeler à ce pays son passé automobile « . Un passé qui passa, peu le savent, par l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1 en 1952.